Thomas de Quincey est un auteur du XIXème siècle à peu près oublié aujourd'hui et pourtant son style est très accessible ; ou est-ce la traduction d'Alfred de Musset qui fausse mon jugement ?
Quoi qu'il en soit, il n'est pas désagréable de se perdre dans les souvenirs et les confessions du narrateur, opiomane très désireux de nous faire partager son expérience de consommateur averti. Sans fausse pudeur, il raconte et se raconte et sans doute est-il encore quelque peu sous l'emprise du puissant narcotique car sa pensée est aussi volatile que sa narration est décousue. Ainsi, on passe sans crier gare de très intéressants extraits romanesques relatant sa vie dans les bas-fonds ou les brillants bals de Londres, sa relation avec Anna, une jeune fille misérable, son duel avec le séducteur de la belle... à des délires opiacés qui nous plongent dans des rêves d'épouvante où des corps légués à la médecine vous tendent leurs bras scrofuleux.
De la diversité de ton et de l'érudition dans ce témoignage fictif et, semble-t-il, teinté d'auto-portrait. Une plume classique à redécouvrir.