« Un goût de cuivre ou de sang »
Les Contes du whisky sont un curieux croisement entre le fantastique fin-XIXe à la française et quelque chose comme du Lovecraft. D’un Maupassant ou d’un Lorrain, Jean Ray garde les motifs...
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le 14 janv. 2017
Voici une réédition du recueil des contes du whisky de Jean Ray initialement publiés en 1925 (ici agrémenté de quelques autres textes, dont certains inédits).
Beaucoup de formats courts, voire très courts dans cet ouvrage qui regroupe 38 textes en l'espace de 286 pages (et encore, dans ces 286 pages, il y a aussi une postface et une bibliographie !). Bilan, comme souvent pour les recueils, il y a à boire et à manger. Mais surtout à boire compte-tenu du titre et de l'ambiance des différents textes.
Car c'est avant tout cela qui ressort de ces textes : l'ambiance. Tout le corpus regroupé sous le titre des contes du whisky est fortement teinté des vapeurs éthyliques dudit breuvage et de la période historique située à la croisée des deux siècles : le XIXe et le XXe. On côtoie au fil des pages, tout un monde de soûlographes anglais, irlandais, écossais, dans une ambiance de pubs fauchés, situés qui sur les quais de la Tamise, qui dans les sordides ruelles de Whitechapel, mais tous peuplés de pauvres gens (au sens littéral du terme).
Marins à sec et ouvriers désargentés, sont l'alpha et l'oméga de ces contes teintés de fantastique où l'on croise plus souvent qu'à son tour la figure de l'usurier / rapace (souvent juif, l'époque 1880 - 1900 étant fortement antisémite) qui pousse ses débiteurs au pire extrémités, mais finissent bien souvent châtiés en retour.
Je n'ai pu m'empêcher de penser à Poe ou à Maupassant, dans une moindre mesure Dickens (que je connais moins) en lisant ces textes, tant on sent l'influence de ces auteurs sur les textes de Ray. On apprend d'ailleurs dans la post-face qu'il a été surnommé à l'époque le "Edgar Allan Poe belge" (sans doute avec un enthousiasme un peu forcé).
Je note d'ailleurs qu'aujourd'hui, Edgar Allan Poe belge pourrait donner lieu à un superbe calembour cycliste, mais je me refuse à le faire. Un peu de sérieux que diable !
Évidemment, sur la quantité, certains textes sont plus faibles que d'autres, ce qui n'a rien de surprenant sur la quantité. Ceux qui clôturent l'ouvrage, notamment, m'ont laissé une moins bonne impression que ceux du début de l'ouvrage. Néanmoins la prestation d'ensemble est à la hauteur et j'ai passé un bon moment de lecture ce qui, au fond, était le but de la manœuvre.
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le 20 sept. 2016
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