"Les Déportés du Cambrien" est le deuxième roman que je lis de Robert Silverberg, le premier ("L'oreille Interne") n'ayant pas été une franche réussite : j'avais beaucoup apprécié le concept, mais les commentaires racistes et misogynes de la traduction avaient gâché ma lecture. J'ai plus apprécié "Les Déportés du Cambrien", ce qui est une bonne chose, mais deux/trois détails ont fait que ça restera simplement une lecture en demi-teinte.
Le pitch de ce court roman de sf est assez simple : on va suivre Barrett, un ancien résistant qui s'est fait déporté par le gouvernement dans l'ère primaire de notre Histoire, le Cambrien, avec d'autres exilés politiques. Barrett s'est retrouvé à la tête de ce camp, et il va devoir gérer l'arrivée d'un nouveau prisonnier assez énigmatique. Les chapitres vont alterner entre le "présent" (le Cambrien), et le "passé" de Barrett, pour savoir comment il en est arrivé là (en l'an 2000).
Je vais commencer par les points positifs de cette lecture : j'aime beaucoup la manière qu'a Robert Silverberg de traiter la thématique "sf" dans ce roman. L'auteur développe surtout l'aspect psychologique des événements qu'il crée, et l'impact que cela a sur ces personnages. C'était déjà le cas dans "L'Oreille Interne", où on suivait l'impact psychologique sur le personnage principal de ces pouvoirs télékinésique, et dans "Les Déportés du Cambrien", on découvre également cela sur les personnages du groupe d'exilés politiques, et leurs réactions face au fait de vivre un milliard d'années dans le passé. J'ai beaucoup aimé découvrir tout ces personnages et m'attacher à eux au début du roman, même si à cause de la longueur de celui-ci, je n'y suis pas complètement parvenu jusqu'à la fin, et il m'est arrivé parfois de les confondre.
Le sujet de ce roman fait que l'auteur aborde une thématique qui ne me plaît pas tant que ça : la politique. Elle est surtout abordé dans le passé de Barrett, de manière assez poussée pour recréer un contexte historique crédible, mais on comprend tout de même assez facilement tout ce que l'on lit. Cependant, c'est aussi sûrement ce qui fait que j'ai préféré les événements qui se déroulaient dans le Cambrien plutôt que dans le passé de Barrett.
Papi Robert Silverberg parle aussi d'un autre problème dans ce passé qui, je le sens, va me casser les pieds tout au long de ma découverte de sa bibliographie : la présence des femmes. Il y a très peu de femmes dans ce roman (et c'est logique de par le contexte de l'histoire), mais celles que l'on croise sont toujours hyper sexualisées et reléguées à un statut de ménagère (le narrateur a quand même hâte de retrouver une copine pour qu'elle lui change ses draps (!!!)). C'est pénible à lire, et j'espère vraiment que l'auteur mettra les femmes un peu plus en valeur dans de prochains romans que je lirais de lui (je croise vraiment les doigts pour).
Dernier détail qui m'a gêné : la fin. 10 pages avant la fin, j'ai eu l'impression que l'auteur aurait pu en rajouter 100 de plus, et cela ne m'aurait pas dérangé. Au contraire, j'aurais eu je pense beaucoup moins l'impression que tout se terminait trop vite, sans me convaincre. Au bout de 192 pages, j'ai eu l'impression qu'il refermait son histoire comme si elle n'en faisait que 20...du coup c'est bof.
Au final, ce roman ne me marquera pas, même si certains concepts sont originaux et intéressants. C'est d'ailleurs pour ça que je lis principalement Robert Silverberg : pour ces concepts de roman, et sa sf plus psychologique.
Ma découverte de cet auteur se fait par paliers : je n'ai pas du tout aimé "L'oreille Interne", et les "Déportés du Cambrien" a été une lecture en demi-teinte. Qui sait si je n'aurais pas un coup de cœur pour le prochain que je lirais...