C'est la première fois où j'ai envie d’arrêter un livre alors que je n'en suis pas au tiers, c'est aussi la première fois que le fini en me disant que j'ai bien fait de continuer. En lisant les autres critiques je me rend compte que la difficulté de cet ouvrage n'est pas la même pour tous et pourtant cette difficulté est réelle. Pour ma part j'avance dans une première partie conventionnelle, à la première personne dans un cadre chronologique assez simple à suivre sans ennui mais sans rage de lecture non plus.
Puis, c'est le drame. Alors qu'une multitude de personnage nous ont déjà été présentés, voilà que la parole est donnée à d'autre encore ainsi qu'à certain que l'on connait, sur des sujets que l'on ne comprend pas de prime abord puisqu'ils ne touchent plus le personnage principal. Cette période fut la plus laborieuse car avant qu'un plan d'ensemble se dessine il faut bien 150 pages. Sauf que, 150 pages à ne rien comprendre, ou bien si, comprendre ce que l'on lit mais ne pas entrevoir le rapport avec le récit précédent c'est complexe et c'est ainsi que j'ai failli arrêter.
Tout était prévu, nouveaux livres achetés, envie de retrouver le plaisir de lire, oublier ce tourbillon de personnage. Sauf que voilà, Après ces 150 pages, on comprend, et on veut savoir ce qui se trame. Cela relance complètement la lecture! Certes, il reste 600 pages mais celles-ci ont un but! R.Bolano aime la digression et il faut aimer cela pour le lire car chaque nouveau personnage, chaque nouveau voyage des personnages principaux se voient entourer d'autres histoires, parfois farfelues, parfois drôle, parfois incompréhensible jusqu'à plusieurs chapitres plus tard dans le livre. C'est d'ailleurs cela qui rend se livre finalement agréable à lire, sans le savoir nous sommes en pleine lecture de fresque! Une fresque dont on avait zoomé sur un détail et au fur et à mesure nous prenons de la hauteur, chaque détails que nous avions trouvé bizarre, particulier ou inutile se voit maintenant dans son ensemble et c'est beau! Au bout d'un certain temps, les même personnages reviennent prendre la parole et on les retrouve avec plaisir, c'est comme de revoir ce vieil oncle qu'on aime bien mais dont on a pas le temps de s'occuper. Ici, les personnages nous reviennent d'eux même et leurs histoires avancent dans le temps, s'ajoutent à celles des autres, viennent les étoffer ou les contredire! Tant et si bien qu'à force on devine de plus en plus le but de nos protagonistes, but qui se dessine au travers cette fresque format 700 pages du Mexique, un peu du reste du monde mais surtout du Mexique.
Une fresque d'ambiance s’étalant sur presque 20 ans.
La dernière partie tant attendue est finalement presque anecdotique tant le reste nous a émerveillé, elle vient tout de même répondre à quelques interrogations et en pose quelques unes au passage nous laissant libre de choisir la fin ou son interprétation.
L'ayant fini je sais qu'il y a de quoi être déçu si vous n'allez pas jusqu'au bout de ce roman fleuve. Mais l'ayant fini je sais que c'est un livre compliqué, dense et sans répit qui parfois désespère même un lecteur aussi assidu que je puisse l'être. C'est une œuvre complète, contenant tout ce que l'humanité recèle de sentiment et cela avec le filtre de la poésie en fil rouge. Il est peu aisé de faire une phrase de conclusion permettant de mettre ce livre dans une case car je n'en trouve pas à sa taille. Avec un peu de temps et d’abnégation il se termine et cela ne se regrette pas.