Les disparus du Clairedelune est le deuxième tome de la trilogie la Passe-miroir de Christelle Dabos, série que j'ai commencée récemment avec les fiancés de l'hiver. Comme d'habitude pour les séries de livres : attention aux spoilers !
En bref : Ophélie a voyagé à l'autre bout d'un monde fragmenté en Arches pour se marier a Thorn, un administrateur puissant et compétent, certes, mais aussi d'un froid aussi glacial que le Pôle où il vit. Promise à un homme que tous détestent (ou jalousent), dans la cour d'un Esprit de famille étant quasiment un dieu, Ophélie a bien du mal à s'adapter. Surtout que les complots et les haines sont légions dans ce royaume des illusions et des hypocrites.
Remarquée bien malgré elle, la timide jeune femme va se retrouver chargée de mener une enquête sur des disparitions mystérieuses à l'aide de ses pouvoirs. En cas d'échec évidemment, elle ne fera pas de vieux os... et tous ceux qu'elle aime non plus !
Malgré quelques lenteurs initiales, obligatoire pour finalement planter le décor, j'avais bien aimé le tome 1 de la Passe-Miroir. Ce dernier nous abandonnait traîtreusement au moment où la quasi-totalité de la (future) belle-famille d'Ophélie se faisait assassiner. Sans la puissance protectrice du clan des Dragon réduit désormais à l'impassible Thorn et Berenilde sa tante autant dire qu'Ophélie à du soucis à se faire. Entre lui qui ne vit que pour son travail et qui nage au milieu des complots, et elle qui souffle alternativement du chaud et du froid selon ses humeurs, le tout dans l'unique intérêt de Faroux, l'esprit de famille... Non, ces deux là apportent plus d'ennemis que de réelle protection. Ophélie devra donc négocier avec le puissant Esprit de famille si elle veut survivre.
Notre tome commence avec la rencontre en cercle restreint avec cet être hors du commun. Dégageant une aura tellement puissante qu'elle peut blesser les gens qui simplement l'agacent, Farouk est tout puissant... au sein d'une cour qui le traite finalement comme une marionnette capricieuse (et éminemment dangereuse). Très puissant, mais manipulable. Surtout que les siècles semblent avoir érodé tant sa mémoire que son intérêt pour les simples humains qui sont pourtant ses descendants lointains... Cependant, quand des membres important de sa famille commencent à disparaître, il délaisse son étrange Livre mystérieux pour confier à Ophélie l'enquête.
Les pouvoirs de cette dernière sont censé l'aider à accomplir l'impossible, surtout la possibilité de "lire" le passé des objets. Le problème reste que dans cette cour pleine d'arrogants ambitieux, le coupable est malgré tout malin et couvre ses traces. Ophélie s'aperçoit que même faire confiance à ses quelques proches est délicat quand les secrets se révèlent progressivement, et il va lui falloir lutter si elle veut sauver son mariage d'un côté et sa vie de l'autre !
Que dire de ce second tome ? Premièrement il s'y passe plus de choses que dans le précédent. Ophélie est maintenant bien installée à la cour et ne découvre plus sans-cesse de nouvelles choses (en même temps que nous), ce qui permet de faire évoluer les personnages et les situations. Encore plus que dans le précédent volume, les personnages sont ambigu. Des gens peuvent être sympathiques et pourtant de vrais ordures, arrogants mais pourtant bien intentionnés, maladroits et perspicaces. C'est toujours un plaisir de lire un livre qui n'est pas parsemé de stéréotypes tout prêts, mais bien de véritables personnages intéressants. Mon coup de cœur reste pour des personnages somme toute secondaires, mais réellement bien construits. On sent régulièrement de nouvelles facettes se dévoiler ce qui ravive constamment mon intérêt.
Ophélie est un peu trop naïve à mon goût. On lui pardonnera comme c'est une jeune femme qui se débrouille en terre inconnue avec ses sentiments et des menaces de mort régulières. Ce n'est pas toujours évident pour elle à gérer, mais elle s'en sort malgré tout haut la main, même si le lecteur averti devinera à l'avance une partie de l'intrigue (pas toute, soyez rassurés).
L'auteur a embrayé la vitesse supérieure, et des éléments qui paraissait anodins dans le premier tome sont maintenant utilisés avec brio au cœur même de l'intrigue. L'univers est donc bien exploité de manière générale, même si mon plus grand regret est que la "magie" ne sert quasiment à rien, du moins avant la fin du roman. C'est peut être la mon côté gamin rêveur, mais moi quand on me vend du surnaturel, j'en veut à tous les repas.
Ceci s'explique sans doute par le fait que c'est ici finalement une romance qui nous est racontée, et pas un roman de pure fantasy. Cette romance sort des sentiers battus, c'est clair (et tant mieux), elle emprunte un chemin alambiqué (qui commence par un bon gros râteau dans la tronche du "prince charmant" rappelons le), mais une romance malgré tout ! Pourtant, cœurs d'artichaut que vous êtes (ou gros parpaing insensibles ?) ne sortez pas les violons trop vite, parce que décidément, entre Ophélie et Thorn, c'est souvent intense, parfois très mouvementé, mais jamais simple !
Ce tome deux se conclu dans une explosion de révélations (partielles) et de pistes d'importance capitale pour la suite. L'enjeu du troisième tome risque d'être considérablement plus important que le sort de nos deux héros, si sympathiques soient-ils. Quant à la fin, l'auteure nous nargue encore plus que dans le premier tome avec une apothéose qui nous laisse sur un gros suspens. C'est officiel, Cristelle Dabos, je vous déteste.
Mais bon, j'ai quand même été acheté le troisième tome aujourd'hui...
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