Ayant découvert l’univers de Game of Thrones par la série TV et non par les livres, j’ai abordé les livres comme un complément, ou une alternative peut-être, à la série dont j’ai fini par être fan, j’en ferai de même dans ma critique. Je ne spoilerai pas dans le détail de passages importants, je les sous entendrai tout au plus mais j’en parlerai quand même à demi-mot donc bien sûr si vous voulez une découverte totale, lire cette critique n’est pas recommandée mais j’ai envie de dire que ça vaut pour toute critique dans ce cas-là.
L’intrigue des Martell en Essos avance à petits pas mais c’est surtout l’extrême violence de la guerre que vit Daenerys qui frappe, largement éludée par la série qui ne montre que quelques difficultés éphémères, elle est ici témoin d’une misère absolue dont elle est responsable et qui la questionne nécessairement sur le bien fondé de son œuvre. Ça permet de montrer sa détermination à aller jusqu’au bout des choses et d’être capable de surmonter les difficultés et les doutes, peut-être même un peu trop car il paraît presque inhumain de continuer ce qui peut causer tant de souffrances à tant d’innocents.
Autour de ça, on a tout un suspens sur les motivations de Jorah lors du kidnapping qui donnent envie d’en savoir plus. Par contre, si le personnage de Sol apporte quelque chose d’assez inédit vis-à-vis de la perspective de Tyrion sur les autres nains, j’avoue ne pas complètement adhérer à ce que cela impliquera comme passages un peu ridicules. Je ne regrette pas trop pour le coup que la série en est fait abstraction, c’est pas inintéressant comme approche mais c’est clairement pas indispensable. Par contre, faire comprendre de son point de vue à quel point toutes les sous-intrigues convergent inexorablement vers Daenerys qui confirme sa position primordiale dans l’histoire, ça c’était plutôt sympathique.
Asha quant à elle vit tout un pan de son histoire littéraire assez intéressante tant l’adversité qui lui faite est grande. Elle a beau avoir eu de belles et intelligentes intentions, avoir assumé ses choix avec bravoure, avoir su acquérir la loyauté d’hommes brutaux, elle est en grand péril, traquée par tous, sans grands moyens de défense et c’est assez dramatique. J’ai beaucoup d’empathie pour ce personnage et que le livre continue de lui infliger ces malheurs sans encore lui donner l’occasion de s’en dépêtrer et d’avoir un peu d’espoir, c’est un choix que je respecte et là encore je regrette que la série ait fait l’impasse là-dessus pour n’en faire qu’une péripétie intermédiaire.
Si c’était la relation entre Jon et Stannis qui était bien développée plus tôt, c’est maintenant la relation entre Melissandre et Jon Snow qui se fait plus complexe que dans la série, c’est d’ailleurs le premier chapitre des livres à adopter le point de vue de Mélissandre. Mélissandre a un certain pouvoir d’influence sur Jon qui est assez progressif et cohérent. Mais surtout, le superbe twist sur le seigneur des os et la supercherie de Mélissandre m’a littéralement laissé abasourdi tant je ne m’y attendais pas et que j’ai adoré cette surprise !
J’ai toujours été déçu et amer de la fin de Mance dans la série, qui même si elle fait sens de par la tournure des événements avec Stannis, condamne bien des théories très intéressantes sur sa réelle identité et comment il peut encore impacter le jeu des trônes. Dans cette version littéraire, non seulement c’est encore plus alimenté mais en plus on est en droit d’y croire encore plus longtemps, et même si rien n’en ai fait par la suite, merci à l’auteur de m’avoir laissé y croire encore un peu plus longtemps.
Toujours sous ces neiges annonçant l’hiver bien rude tant attendu, Alys Karstark est introduite assez intelligemment et vient s’ajouter à la désormais longue liste des personnages féminins badass de l’univers de Game of Thrones. Forte de caractère et apportant des informations précieuses dont on peut estimer assez fortes les conséquences, Alys laisse une première impression bien plus notable que dans la série TV où elle réduite au rang de figurante dont on ne doute pas une seconde de l’intérêt qu’elle pouvait avoir.
Quant à Ser Davos, la révélation sur les véritables intentions de Manderly vis-à-vis de lui ont vraiment réussi à me surprendre et je m’étonne encore de ce fantastique travail d’écriture qui peut te faire revoir d’un autre œil tous les dialogues d’un chapitre qui t’avaient vraiment convaincu de leur authenticité avant de se présenter sous un tout autre visage. C’est aussi l’occasion pour Davos d’être encore plus déterminant dans les plans de Stannis pour rallier le Nord à sa cause là où il est beaucoup plus en retrait dans la série, voire inutile sur la question.
Lady Dustin apparaît également pour apporter un nouvel intérêt à l’arc narratif de Théon, qui fait un peu du sur place il faut bien le dire, et c’est vraiment intéressant d’avoir un point de vue aussi mystérieux sur un personnage qui méprise les Starks avec de vraies raisons à cela sans pouvoir véritablement se rallier à leurs ennemis sans en avoir de réserves. Mais les sous-intrigues avec les meurtres et l’attente de l’armée de Stannis constituent quand même un passage un peu lent qui fait partie des moins intéressants de ce tome.
On retrouve enfin Jaime qu’on avait laissé sur un gros mystère après avoir eu des nouvelles de Cersei sans qu’on ne sache vraiment comment cela avait pu l’impacter. Finalement, ça m’a un peu déçu de le revoir dans un rôle très proche de ce que l’on avait déjà pu voir dans le Conflans avec les poches de résistance Tully qui s’écrasent les unes après les autres, mais la fin redynamise tout ça en faisant enfin revenir Brienne dans l’intrigue et promet beaucoup sur comment cela peut contribuer au revirement de Jaime d’une façon ou d’une autre, ce qui rattrape bien le truc.
Si l’on excepte quelques arcs narratifs un peu longs qui peinent à gagner en intérêt dans ce tome, la plupart poursuivent très bien ce qui a été entamé précédemment avec beaucoup de maturité, de richesse et de maîtrise, et certains se révèlent même très surprenants et très prometteurs pour la suite, pas uniquement du côté de Meereen. Reste à savoir alors si la danse des dragons sera à la hauteur de tout ça pour bien conclure cette cinquième série de tomes, en tout cas les dragons de Meereen auront su lui en poser les bases.