Décidément, on va finir par ne plus savoir quoi penser de cette série. Démarrée sur les chapeaux de roue, elle s’est taillée une réputation à la hauteur de la pile de ses personnages principaux macchabées en à peine trois tomes (de 800 pages chacun) ou 9 si on se réfère à la parution française (de plein de pages chacun).
Mais depuis la fracassante fin du tome 3 (que la série télé n’a pas fini d’essorer), il n’y a plus grand chose à se mettre sous la dent. Pour des raisons de cohérence, de gros sous et de poids, l’auteur a fait d’un gros morceau d’histoire deux tomes, le 4 et le 5. Les chapitres de ce dernier se passant, pour deux tiers d’entre eux, en même temps que ceux du premier, nous faisant suivre d’autres personnages. Et on était plutôt content au démarrage du tome 13 (le début du tome 5 dans les versions américaines, ça va vous suivez ?) même s’il ne se passait pas grand chose, de retrouver ses héros favoris. Mais en dépit de cette satisfaction, qui continue dans Les dragons de Meereen, force est de constater que la déception est de taille.
Tout d’abord parce que de ces personnages géniaux dont les destinées semblaient infinies, il ne reste presque rien. L’auteur prend un malin plaisir à introduire sans cesse de nouveaux noms et de nouveaux enjeux. La sauce prend trop mal. On n’a plus envie de voir de nouvelles têtes. D’abord parce que leur utilité est nulle (du moins pour l’instant) mais aussi parce que l’écriture et la mise en scène de ces nouveaux rend pénible la lisibilité de ces chapitres. De qui s’agit-il ? Où se trouvent-ils ? Que veulent-ils vraiment ? George Martin nous laisse dans l’obscurité. On ressent les mêmes peines qu’à l’occasion des tous premiers chapitres de l’histoire, sans la patience de la découverte.
Pour les uns comme les autres, ils suivent des trajectoires qui apparaissent anecdotiques, voire profondément chiantes. Sans rien spoiler, l’exemple de Daenaerys est le plus frappant. Elle qui bénéficiait jusque là d’un des arcs scénaristiques les plus haletants est transformée soudain en adolescente à peine pubère, en gamine de 15 ans en proie à tous les affres de cet âge. Ses doutes, ses réflexions et ses décisions vont à l’encontre de tout ce qu’elle était jusque là. Petit florilège remanié :
« Une reine ne s’appartient pas. »
« Oh, et si je changeais d’avis ? »
« Qu’est-ce que je vais bien pouvoir porter ? »
« N’arrivant à pas à décider, je vais me changer trente fois. »
« Oh, et si je changeais d’avis ? »
« J’ai envie de me faire salir comme une serpillère dans les écuries d’augias. »
« Mais je dois y renoncer pour mon peuple. »
« Oh, et si je changeais d’avis ? »
Bref, c’est laborieux. Il ne reste en tout et pour tout que deux arcs vraiment palpitants, mais qui n’avancent pas vite. Il n’y a qu’à espérer que la suite soit moins pénible.
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