Un Rampart contre les scandales
The Shield est une série brillante.
Inspirée de faits réels survenus dans les années 90 à Los Angeles (le scandale Rampart, qui a poussé un officier de police à dénoncer plus de 70 collègues pour alléger sa peine lorsqu'il fut surpris de vol de stupéfiants dans les scellés et dont on soupçonne un lien direct dans la mort du rappeur Notorious BIG), The Shield relate 3 années dans la vie du Bercail, et notamment en son sein, de la Strike Team, une équipe de choc détachée et relativement libre de ses faits et gestes dans sa lutte contre les gangs armés du Sud de la Californie.
Le Bercail (Barn en anglais) comporte toute une série de portraits originaux et attachants, allant de la flic incorruptible au politicien véreux prêt à tout pour gagner.
Si toute une batterie de protagonistes forts et dont les trajectoires de vie importeront sur les héros, interviennent tout au long des épisodes, c'est bien la Strike Team qui tient le haut du pavé : quatre gars qui doivent être suffisamment durs avec les dealers, les macs, les violeurs et les meurtriers de cette ville pour se faire respecter tout en faisant respecter la loi (et en l'appliquant, mais c'est une autre histoire).
Mais pour faire face à ce genre de population, il faut être fort. Très fort. Voire même plus fort que ceux qu'il y a en face, et pour qui il n'existe aucune règle à suivre que celles qu'ils s'imposent, et qui ne correspondent que rarement avec celles que dicte la société. Cette force pousse d'ailleurs parfois, plus souvent qu'à leur tour, ces hommes au delà de leurs fonctions.
C'est dans cet univers ultra violent qu'évoluent donc Vic Mackey, le chef de la Strike team, mais aussi Ronnie, Shane, et Lem.
La série assomme le spectateur de toute la violence et la force brute, la bestialité et la sauvagerie du monde qu'elle dénonce. La police se trouve démunie, et s'arrange comme elle peut pour faire face. La hiérarchie ferme les yeux lorsque ça l'arrange sur les agissements de la Strike team qui franchit allègrement la ligne jaune et plus souvent qu'à son tour. Mais pas toutjours.
Sauf que tout ne tourne jamais comme on voudrait, et la liste des exactions que comment cette équipe qu'on ne peut s'empêcher d'aimer en dépit de leur moralité plus que douteuse s'allonge en même temps que les difficultés pour se remettre sur le droit chemin et mener une vie enfin normale.
Le héros, Vic, qui porte le drame qui se joue sur ses épaules, est prêt à tout pour se protéger, lui et sa famille. Ce sont d'ailleurs ses seules faiblesses, quand bien même il entend le terme de famille au sens large.
The Shield surprend très souvent. Il est d'ailleurs rare que le suspense de chaque situation doit palpable dans une série. D'habitude, on sait que tel héros ne risque pas de mourir, et on décroche. Ici, les auteurs montrent dès le premier épisode qu'ils sont prêts à tout, que rien n'est jamais acquis. Et cela dure jusqu'à la toute fin de la série, qu'il faut voir comme une longue histoire, dont les événements du début résonnent encore 6 saisons plus tard.
Ces 3 années (7 saisons) brossent un portrait sans concession d'un homme et d'une bande de policiers corrompus, entre apogée et déchéance ultime, sur fond de guerres, de luttes d'ego, de pouvoir, et de rédemption, avec une caméra à l'épaule foutrement efficace et une bande son excellente.
The Shield est rentrée au panthéon des meilleures séries jamais produites en bousculant le spectateur qui ne sait jamais, jusqu'au dernier épisode, sur quel pied danser, comment appréhender les personnages, qui ils sont vraiment, ni s'il doit les aimer ou les détester.
La série est à l'image de Vic, son personnage principal. C'est une bête sauvage, brutale, qui ne s'apprivoise pas mais vous tord tout entier. For good.