La littérature russe classique n'est pas toujours d'un abord facile et pourtant, elle est fascinante. Elle me fascine depuis des années. Tourgueniev est un des écrivains russes les plus accessibles et j'ai eu le plaisir de découvrir un coup de coeur dans "Les eaux printanières".
L'écriture est virtuose avec ce soupçon d'humour tout en subtilité derrière lequel se dissimule la critique sociale. Le roman s'articule autour d'un trio amoureux : Dmitri, Gemma et Maria Nicolaevna. Je n'ai pas envie de trop vous en dire sur ces trois-là, non par paresse mais pour attiser votre curiosité.
Le récit se passe en Allemagne, bien que deux de ses personnages principaux soient russes et c'est une belle occasion pour le lecteur de résider comme un touriste à Francfort et de s'y mêler à ses habitants cosmopolites. Nous sommes en 1840, à une époque où les Européens ne connaissent de la Russie que ses clichés et la blâme pour son système de servage archaïque qui révolte les classes supérieures d'Occident (qui ont le bon goût de n'avoir d'esclaves que dans leurs colonies).
Comme son titre l'indique, il y a dans "Les eaux printanières" un air de fraîcheur et de romanesque adorable ; la séduction, base de la narration, est véritablement partout, dans chaque phrase comme dans chaque sourire de femme. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman de Tourgueniev et celui-ci ne sera certainement pas le dernier.