Ava et Toussaint sont hébergés à contre-coeur dans ce foyer social de Philadelphie, ou le règlement strict les assimile à des enfants immatures. Heures de fermeture, contrôles incessants, injonction de se présenter au bureau d’embauche …Et si on considère l’insalubrité des lieux, on comprend qu’Ava ait des rêves d’ailleurs. Et tout ça parce que son mari l’a jetée à la rue, lorsqu’il l’a soupçonnée de revoir son ex, le père de Toussaint.
Pendant ce temps, la mère d’Ava se bat pour récupérer les terres que l’administration lui a confisquées, à Bonaparte.
Cette fresque construite autour du couple Ava-Toussaint met en pages le triste sort des exclus de la course à la fortune, et laisse entrevoir les échappatoires dérisoires de ceux qui n’ont plus rien. Les services sociaux débordés et condescendants sont des pis-allers qui enfoncent un peu plus les démunis dans la misère sociale et psychologiques.
Mais Ayana Mathis, qui connut le succès avec Les douze tribus d’Hattie a le don de créer de beaux personnages qui se battent au coeur d’une intrigue aussi complexe que riche en surprise.
Un très beau roman, qui malgré les heures sombres que vivent les héros, laisse entrevoir une lumière vers l’avenir.