Critique de Shaynning
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
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le 23 oct. 2022
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Incontournable Octobre 2024
La famille "Même pas peur" s'agrandit avec ce sixième membre. Deux modifications ont été apportée par rapport aux cinq autres et, autant le mentionner d'entrée de jeu, vous n'avez pas besoin de les lire dans l'ordre. D'abord, mais quelle couverture stylée! Elle est vraiment mieux adaptée avec ce graphisme glauque dans le nuancier de bleu et noir, beaucoup plus organique dans son traitement que les précédentes, très numérique et catroonesque. Bravo à l'illustrateur, monsieur Dion. Ensuite, contrairement aux cinq précédents, l'auteur a choisi de ne pas renouveler les BD d'introduction, pour opter plus sobrement pour un texte complice avec ses lecteurs et lectrices. C'est lui qui explique les modifications apportées, ce qui est bien, car ça montre le degré d'écoute et de liens que l'auteur a avec son lectorat, je trouve. Il remet ça à la fin, ouvrant sur un indice quand aux prochaines mésaventures horrifiques de ses personnages. Elles se dérouleront dans une école. Pour l'instant, attardons-nous sur cette histoire, qui se déroule, pour sa part, dans le Nord des Laurentides, en pleins hiver, durant les vacances de Noël.
Henri Leblanc part dans le Nord Laurentien pour profiter d'un chalet loué par sa famille élargie, histoire de renouveler ce qui est désormais une tradition du temps des fêtes. le jeune ado compte profiter de cet endroit pour patiner sur un lac, boire des chocolats chauds et concourir pour le plus beau bonhomme de neige avec sa tripotée de petits et petites cousin.e.s. Il atteint son cousin Ryan pour aller patiner et ainsi pratiquer leur sport commun: le hockey. Néanmoins, une tempête comme le Québec sait en recevoir les attends ce jour-là, prévue en après-midi et promettant un bon 30 cm de neige avec des rafales à écorner les boeufs. Un peu trop confiants, les deux ados tardent à prendre le chemin du retour et une étrange découverte met rapidement Henri mal à l'aise. En effet, une demoiselle d'environ 7 ans les apostrophe en leur disant qu'ils feraient mieux de se hâter à rentrer, le tout avec des ricanements récurrents. Et c'est la même jeune fille que Henri voit passer sous un éclaircissement de glace sur le lac. Or, la veille, l'oncle d'Henri lui a servi une légende urbaine de la région dans laquelle, si "quiconque voit la froide Daphnée mourra gelée" en disant que le lac en forme de "T" est justement han-té ( quel jeu de mot de mononc/tonton ). Pour ajouter à ce sinistre présage, il parait qu'un habitant de la région a sculpté des dizaines d'épouvantails dans la foret, qui deviennent des bonhommes de neige sous la neige hivernale. La table est mise pour un bonne frousse en forêt, car on s'en doute, les garçons ne tarderont pas à réaliser qu'ils sont perdus, alors même que le tempête les a rattrapé.
Attention, il y aura quelques divulgâches.
Ah, les histoires de forêt et de lac hanté, c'est classique au Québec. En revanche, j'ai beaucoup aimé l'idée des épouvantails-bonhomme-de-neige glauques, ça ferait un décor d'Halloween génial! D'ailleurs, celui réalisé par l'illustrateur pour la couverture est lui aussi génial, on dirait un genre de Wendigo-de-glace-épouvantail de très mauvaise humeur. J'ai pensé que ces entités macabres inertes seraient, disons, "plus participatives", mais en fait elles sont décoratives. La question est donc: À quoi servent-elles? Car ces épouvantails ne semblent rien défendre, a priori.
On sera rapidement perplexe devant le personnage de Daphnée, cette petite fille morte noyée dans le lac et qui intervient dans l'histoire. Elle est ambiguë. On la pense sauveuse, mais elle semble plutôt engendré plus de problèmes, le tout en riant. Elle tient donc plus de l'esprit malveillant que son âge et son genre peuvent laisser entendre. À travers la tempête, les deux garçons auront aussi de vilains tours joué par leur cerveau embrouillé par le froid, ce qui ajoute une autre couche d'ambiguïté: Mais quand sont-ils vraiment dans la réalité?
Le fait est que Henri et son cousin sont vraiment dans le trouble et leur vie est directement menacée à quelques reprises. le froid est bien sur un ennemi redoutable, mais avec une Daphnée menteuse et un pêcheur furieux de la destruction de ses précieux épouvantails, les périls s'enchainent allègrement. Tout cela aura pu très mal finir, puisque le pêcheur se fourvoie: Ce ne sont pas les entités maléfiques du lac qu'il faut contenir avec des épouvantails sinistres, c'est de lui que Daphnée aurait due être protégée. C'est elle qui hante le lac, désormais et ce n'est pas de son fait. Les garçons l'apprendront au moment crucial.
Le roman a une grosse police, sans être non plus la police outrancièrement énorme des romans Andara et Bommerang, Les interlignes sont larges et les marges également, ce qui rend le roman plus volumineux que la norme. On a donc rapidement lu ce genre de livre. Ce peut être un avantage, spécialement pour les lecteurs avec des défis qui se laissent rapidement impressionner par les grosses polices, mais ça peut aussi rebuter les lecteurs plus habiles, qui n'aiment pas qu'on leur mâche le travail et qui préfèrent un livre plus long. Il n'y a pas d'illustrations, toutefois.
Quand on texte, fidèle à son style, monsieur Boisvert nous sert de l'action et de l'émotion, on se laisse facilement happé par cette histoire "frissonnante" (deux fois plutôt qu'une). On peut imaginer les personnages comme on veut car il n'y a aucune description physique sauf des détails de comparaison entre Henri, dont la puberté n'est pas encore arrivé, et son cousin, qui a mué et est plus grand. Encore une fois, ça peut plaire pour ceux et celles qui aiment se créer des personnages, mais le manque de détails sur les caractéristiques physiques peut nuire aux lecteurs et lectrices moins imaginatifs.
Quand au genre, je réitère que nous sommes dans une mode littéraire propice au genre Épouvante et ses déclinaisons sinistres. La série Noire de la courte échelle étant un des collections les plus populaires, en librairie jeunesse, les autres maisons ont bien reçu le message, car je vois les maisons Fides, Auzou Québec, Dominique et Cie et Bagnole se lancer dans ce genre qui était moindre dans leur ligne éditoriale. Alors, avis aux jeunes amateurs de frissons et d'effrois, c'est le bon temps pour découvrir ce genre. Dans le doute, demandez à vos libraire jeunesse.
C'est donc un autre bon roman à ajouter à la pile des séries d'Épouvante jeunesse et qui sert le lectorat intermédiaire du 3e cycle et plus, 10-12 ans+. Je mentionne tout-de-même que cette histoire comporte un certains nombre de choses effrayantes et que ça peut être trop pour les jeunes facilement apeurés. le tout est de savoir quand arrêter, si ça devient trop d'émotions désagréables à gérer. Quand aux initiés du genre, je pense que ça va plaire.
Pour un lectorat intermédiaire à partir du 3e cycle primaire, 10-12 ans+
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Créée
le 31 oct. 2024
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