Les Erythréens par madamedub
Au delà d'un pays, c'est un peuple qui constitue le sujet du livre du journaliste Léonard Vincent. Les Érythréens. Qu'ils continuent de vivre laborieusement sous le joug d'un dictateur violent, qu'ils aient tenté leur chance sur le chemin périlleux de l'émigration, avec son lot de peur, de morts et de malheurs, qu'ils se battent en dehors des frontières pour un Érythrée démocratique, ou qu'ils essaient de vivre une vie d'exilés tant bien que mal. Qu'ils soient déserteur au service obligatoire, ou journalistes dans un pays baillonné. Les Érythréens sont ce camaïeu de couleurs, de parcours, de vies, et bien souvent, de combats.
Aujourd'hui, un Érythréen sur cinq vit en dehors de son pays, plaçant ce petit pays, niché entre la mer rouge, l'Ethiopie et le Soudan, au dixième rang des pays fournissant des réfugiés dans le monde. Le constat est terrible: le pays se vide peu à peu, hémorragiquement, de sa population. Et la blessure n'est pas prête de se résorber.
Acteur héroïque de l'indépendance de son pays du joug éthiopien, Issaias Akeworki est passé en quelques années du président charismatique d'un nouveau pays libre au dictateur sanguinaire et répressif que le pays connaît aujourd'hui. Comme souvent dans la guerre, le libérateur est devenu le bourreau. Depuis 2001, la presse libre est interdite dans le pays.
Ce fut un long travail pour Léonard Vincent que d'aller au contact de ces réfugiés, clandestins, craignant toujours les représailles et les délations des « moustiques », les partisans d' Afeworki. Peu à peu il a gagné leur confiance, leur amitié, et lutte à leur côté pour faire entendre la voix de ceux qui doivent se cacher.
Emma Breton