Les Européens par BibliOrnitho
Dès le début, je remarque une curieuse différence entre ce roman et Daisy Miller !
Dans Daisy Miller, l'américaine frivole et provocatrice se heurte au conservatisme coincé de la vieille Europe bourgeoise.
Dans les Européens, ces derniers sont nettement plus délurés (surtout Félix dont le comportement choque) et bousculent des Américains puritains et austères.
Ce sont, chaque fois, les étrangers qui se trouvent ainsi marginalisés. Henry James nous les montre avec les yeux d'autochtones plein d'a priori, prompts à stigmatiser la différence.
En avançant dans ma lecture, le personnage de Gertrude sort néanmoins du carcan dans lequel son éducation rigide l'avait jusqu'ici confiné. Elle se réveille, comme se plait à le répéter son cousin. En fin de recueil, il est évident (et elle le dit clairement) qu'elle compte faire de sa vie ce qu'elle veut. Si Félix souhaite parvenir à ses fins dans la paix et le respect des sensibilités de chacun, on sent bien que Gertrude ne s'embarrasse pas de tant de scrupules.
Je m'étonne tout de même que Henry James n'ait pas achevé son livre sur quatre unions. Je pensais réellement qu'Eugénie tirerait plus d'avantages de son voyage outre-Atlantique.
A un certain moment, je me suis sérieusement demandé si les Européens étaient bien ce qu'ils prétendaient être. Après la lecture de deux polars, mon esprit était formaté et enclin à voir le mal partout ! Je les ai un moment cru être de vils imposteurs opportunistes débarqués dans une famille américaine inconnue, dans laquelle ils s'étaient introduits par la ruse dans le but d'en tirer un maximum de profits. Je me demandais même s'ils étaient effectivement frère et sœur.
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