Avec Les éveillés, la trilogie Absolu se conclut de façon tout à fait passionnante. Si le premier tome, Les mobilisés, entrainait le lecteur dans une zone close où ils allaient devoir survivre face à la chose, le second opus, Les effacés, permettait de découvrir une société totalitaire et les mécanismes de contrôle de la population afférents.
Margot Dessenne, avec sa plume précise et sensible, nous invite à suivre les héros désormais bien connus dans les épreuves plus terribles que jamais qu'ils vont devoir affronter. Certains ayant tenté de s'émanciper du carcan tyrannique qui oppresse les habitants d'Erit, ils devront subir les foudres du maréchal et de ses affidés. Que de périls, de souffrances et de drames vont-ils devoir essuyer ! On a ici l'impression que leur calvaire ne prendra jamais fin, sauf à quitter ce monde de façon définitive. La machine à broyer les humains est en marché. Au fur et à mesure des révélations, dont certaines se devinaient depuis le tome précédent, le lecteur mesure l'horreur de la mécanique implacable mise en œuvre pour neutraliser toutes celles et tous ceux dont le comportement n'est pas conforme à ce qui est attendu par le régime. L'information est parfaitement calibrée pour conserver les esprits sous contrôle. Les plus jeunes lecteurs pourront prendre conscience que les informations doivent être tamisées à l'aune d'un esprit critique affûté. Certains personnages peinent à croire à l'horreur qui leur est révélée. Au fur et à mesure que le voile se lève sur les pratiques amorales du régime, l'effroi croît.
Si la dernière partie pourrait apparaître un peu naïve dans sa résolution, cette impression est contrebalancée par les drames déchirants qui accompagnent la fin de ce récit. Tour à tour poignant, émouvant, pétri de tristesse et de joies mêlées, l'épilogue est réussi. Margot Dessenne est parvenue à conclure avec brio sa trilogie. Dans l'univers des meilleures dystopies, celle-ci mérite toute sa place.
J'ai hâte de découvrir les nouveaux univers auxquels sa plume va se frotter.