"La passe-miroir" fait partie de ces romans dont on a forcément entendu parler ou vu la promo dans le métro, à moins de vivre coupé de toute communication médiatique. Peu familière de l'univers "fantasy jeunesse", ma curiosité a été néanmoins éveillée par les nombreux commentaires élogieux sur Babelio mais aussi par ce petit groupe d'adolescents surexcités que j'ai rencontré au Salon du Livre de Montreuil et qui tournait autour des trois tomes grand format comme une meute d'ours autour d'un pot de miel. Ça a été le déclic déterminant : une oeuvre capable d'enthousiasmer ces représentants de la génération Z accusée à raison de se détourner de la lecture, il fallait que je découvre ce phénomène !


Christelle Dabos nous offre un premier roman qui force l'admiration côté style avec un vocabulaire riche et varié, même si j'ai regretté une narration exclusivement déroulée par le regard d'un seul personnage, Ophélie, une anti-héroïne toutefois très convaincante. Je trouve ce procédé lassant quand un roman dépasse les 300 pages. Comme je trouve lassante l'attribution systématique de caractéristiques physiques à un personnage qui ne semble plus se définir que par elles ; fatiguée de lire que Roseline a des dents chevalines, qu'Ophélie grignote les coutures de son gant et que Thorn est démesurément grand.


Ces détails narratifs mis à part, "Les fiancés de l'hiver" se lit très bien et le lecteur se laisse facilement glisser dans le monde magique des arches. Bien que les personnages soient nombreux, on ne se perd jamais dans la foule déchaînée et le récit avance, bon gré mal gré.


Bon gré mal gré car pour moi le principal (voire le seul) défaut de ce roman est son rythme. Le récit souffre en effet de vraies longueurs qui justifient complètement que plusieurs lecteurs en aient abandonné la lecture en cours de route. Autant le début est très rythmé, autant l'ennui s'installe lors de l'installation d'Ophélie au Pôle. Heureusement, entre temps, on s'est pris d'affection pour la fragile fiancée maladroite à l'écharpe enchantée et on persévère.


Dans le genre, je situe pour l'instant "La passe-miroir" juste en dessous du "Harry Potter" de J. K. Rowling pour ce qui est de la qualité et de l'originalité du récit, même si la noirceur très réelle du roman me semble moins naturelle et plus affectée que chez le magicien aux lunettes rondes.


Des lunettes, Ophélie en porte aussi et il me semble évident que le magicien susnommé fait partie des nombreuses sources d'inspiration de l'auteur, je ne lui en ferait pas reproche. Ses descriptions évoquent aussi irrésistiblement certains personnages ou caractéristiques de G. R. R. Martin.


Un premier tome qui plante bien le décor, j'attaque le second avec l'espoir d'un rythme plus soutenu et de personnages moins figés dans leurs rôles.

Gwen21
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le 15 janv. 2019

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