Après avoir remis les doigts poisseux dans cette vieille série des Brigade Mondaine, en commençant par un épisode très mauvais (Le monstre d’Orgeval) qui me laissait craindre pour la suite de mes lectures, j’ai tenté le coup avec une enquête plus récente. Les filles du château est le numéro 307 de la série.
Écrit vraisemblablement par Didier Goût, un adepte de Renaud Camus, islamophobe semble-t-il comme lui, en tout cas pas loin d'être réactionnaire, le texte laisse transpirer un mépris évident pour le militantisme de gauche ainsi qu’une petite nostalgie d’une France qui disparaîtrait sous le joug d’une immigration mortifère. L’auteur insiste lourdement sur ce qu’il ressent comme une invasion désagréable, à savoir le cosmopolitisme de la société française actuelle.
On peut envisager que ses écrits dépréciatifs -voire dépressifs- le relient également à Philippe Muray d’autant plus que ce dernier s’est commis également dans les BM. Au delà de ce désagrément qui est tout à fait régulier, puisque la série a toujours été plus ou moins disposée à ces réflexes conservateurs, le style de Didier Goût rend la lecture très agréable.
Vivant, faussement léger, habile à camoufler la médiocrité de l’intrigue et la simplicité de la psychologie chez les personnages, le récit orchestré par Goût incorpore de très bons dialogues, équilibrés, alertes, percutants. C’est plutôt bien écrit, oui.
Par contre, en terme de polar, l'enquête est assez pauvre. Il est fatal qu’on reste sur sa faim. L’histoire souffre de son extrême classicisme. Aucune surprise, guère de mystère. Les filles du château est à l’évidence une œuvre alimentaire, qui ne cache pas le manque d'intérêt de l’auteur pour le genre policier et peut-être même pour l’érotique. Sans passion, cela se lit cependant vite, pour la beauté du geste, malheureusement pas pour sa pertinence, ni pour son efficacité.