Nous avons ici une fiction légère entre deux personnages importants, mais où la narration est tenue par le protagoniste masculin, Timoti. C'est un récit qui navigue entre le thème de l'aventure et de la famille, mais de manière un peu maladroite.
Timoti vit sa vie bien confortablement dans le cocon familial constitué de sa personne et de son père. Son quotidien est marqué par les cours à domicile, les jeux entre lui et son père et ses rêveries. Un jour, non seulement trouve t-il une poupée dans sa chambre ( qui ne vient pas de son père), il fera aussi la connaissance de Diane, son contraire absolu, venue d'on ne sait où lui proposer une aventure hors de chez lui pour une destination inconnue. Une quête qui cache en réalité une finalité très précise.
Il y a quelque chose d'un peu insensé dans le scénario. Je m'explique. Il faut d'abord que je vous parle du tempérament de Timoti. Pour être honnête, je le soupçonne d'avoir le syndrome d'Asperger, une légère forme d'autisme. Il y a pleins d'exemples pour étayer ce point, mais l'idée n'est pas non plus d'insister dessus, je vous les épargne donc. Où je veux en venir, c'est qu'étant donc au prit avec des manies, une forme d'anxiété, spécialement face à la nouveauté et un certaine insécurité, je ne comprend pas du tout comment ce personnage a pu consciemment faire une fugue avec une inconnue sur une décision prise en moins de 24 h ET pour des raisons aussi bancales. Cet aspect de l'histoire m'a un peu bloqué.
Le reste est assez typique des histoires d'aventure sous forme de fugue: quelques péripéties, quelques échanges à cœur plus ou moins ouvert, mais encore une fois, le scénario fait des siennes: arrivé vers le deux tiers, nos deux enfants se font TIRER dessus! Heh?! Sommes-nous en pleins far west? Si cette histoire se serait déroulée au Texas, sans doute aurais-je trouvé ça normal, mais nous sommes quelque part en France, l'idée fait quelque peu sourciller!
Enfin, lorsque Diane fait "la grande révélation" à Timoti à un moment où ils ont presque atteint leur destination, il me semble qu'il aurait été plus logique qu'elle ait eu lieu au début! Surtout pour motiver Timoti à le suivre, justement. Alors qu'ici c'est l'inverse: Diane convainc Timoti de la suivre pour éventuellement lui faire la déclaration mystère qui est très importante. Là encore, je ne comprend pas ce choix de l'autrice de mettre un tel élément aussi loin dans ce type de récit.
Après avoir lu un autre commentaire sur ce roman, je constate que son autrice a réussi a formuler une impression que je parvenais pas à verbaliser. Sommairement, elle explique que ce roman simple, c'est-à-dire deux enfants en cavale, contient cependant un côté lourd ( l'aspect de famille déchirée), qui sera réglé de manière expéditive et peut-être même beaucoup trop facile. En ce sens, je la comprend, j'ai eu la même impression. Je ne peux guère extrapoler davantage sur le sujet, au risque de divulgâcher la chute de l'intrigue ( quoique, soyons francs, c'est une révélation qu'on a déjà mainte fois vue), mais sérieusement, ça nous amène droit sur un "happy ending" pas franchement crédible vu la gravité du sujet.
Aussi, les deux enfants manquent beaucoup de constance: entre deux dialogues presque philosophiques, linguistiques ou existentiels, on retombe dans un délire d'enfant très élaboré. Diane est du genre à créer des scénarios, à mentir et même à manipuler Timoti. Ça me met quelque peu mal à l'aise, et ce d'autant que clairement Timoti ne comprend pas les nuances du second degré ( d'où l'impression de l'Asperger). En outre, je n'ai pas cerner en quoi les deux héros se sont rapprochés pour que ce soit cohérent avec la "chute finale".
Dans les éléments qui m'ont plût, notons une certaine créativité dans l'écriture et les jeux que font Timoti et son père. J'ai aussi trouvé mignon ce jeune garçon qui est méga-organisé en vue de l'expédition jusque dans des détails que même certains adultes ne penseraient pas ( on le voit d'ailleurs sur la couverture). L'idée d'opposer un personnage tel que Timoti, insécure, méthodique, au tempérament un peu effacé, confortable dans une routine ( "faire les même activités et ce dans le même ordre si possible", ces propres termes) et couvé comme un œuf par papa-poule, contre Diane, dynamique ( presque hyperactive), créative, audacieuse, téméraire, réactive et fille de peu de besoins, c'est drôle. Les nombreuses définitions apportées par Diane m'ont aussi intéressés.
Donc, je pense qu'avec son histoire un peu trop simple et alourdie par un sujet grave mal intégré et mal exploité pour le final, non seulement je ne sais pas quel sorte de jeune Lecteur il pourrait bien séduire, mais il ne m'a pas séduit non plus. Ce roman me laisse donc un peu mitigé. Je pense qu'il est difficile d'être enthousiasme pour un roman si on n'éprouve pas de réel sentiment à son endroit. Or, c'est ce que je vis avec celui-ci. Ni mauvais, ni bon, ni drôle, ni pertinent. Juste "là". Considérons aussi la pluralité de lecture du même genre qui, à mon sens, ont fait un bien meilleur travail côté scénario, pertinence et cohérence, c,est peut-être ce qui explique mon ressenti - enfin- mon absence de ressenti. Et j'ajoute que s'ajoute uen autre difficulté en ce qui a attrait au lectorat: ce roman me semble fait pour des enfants de 8-9 ans, le second cycle primaire, par la narration simple et l'immaturité des personnages, mais ces enfants de 11 ans semblent périodiquement investis de la la sagesse des pré-ado de leur âge. Du coup, à quel lectorat vais-je le destiner? Comme certains passages sont probablement trop poussés pour le second cycle, je pense devoir le mettre en troisième cycle.
Donc, pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans ( ou des 8-9 ans plus matures psychologiquement que la moyenne).
Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans.