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Je plaide facilement coupable lorsqu’on me demande, à moi qui lit plus que la moyenne, ce que j’ai pensé d’un titre de Tatiana de Rosnay : je n’en ai lu qu’un (Elle s’appelait Sarah, 2012) qui était très bien, mais je n’ai de ce fait aucun avis intéressant à donner sur le style de l’autrice, ni de réponse à apporter au fameux « tu penses que ça pourrait me plaire ? ». Aussi lorsque j’ai vu passer l’autrice dans La Grande Librairie version confinée sur France 5, sa façon de parler de son livre m’a tout de suite plu, tout comme l’intrigue qui, pourrait-on dire, tombait à point nommé.


Il s’agit donc d’une dystopie, ce genre littéraire qui imagine le monde de demain en proie à une forme de toute puissance, et peut-être que c’est un hasard de mon programme de lecture ma foi assez aléatoire et éclectique, mais ces romans d’anticipation ont la part belle dans mes lectures du moment et je les dévore avec un œil particulièrement curieux. Clarissa Katsef est une autrice franco-britannique parisienne déjà grand-mère, et alors qu’elle échappe brusquement à son mariage elle cherche sans grand succès un appartement pour ce qu’elle envisage comme sa nouvelle vie.


Un peu par hasard, elle tombe sur un nouveau programme immobilier tout proche de l’ancienne tour métallique si chère aux touristes du monde entier, qui a disparue comme une partie du quartier dans la série d’attentat qui a bouleversé la planète. Cette résidence, le programme CASA, semble attrayant : un bâtiment neuf, un loyer abordable pour un appartement inaccessible aux 95% des français les moins aisés, une résidence composée d’artistes triés sur le volet, et entièrement gérée par un assistant virtuel, l’avenir de la domotique.


Il y a pourtant bien quelque chose qui chagrine Clarissa, une impression assez floue, diffuse, celle d’être épiée en permanence et d’être comme le cobaye d’une expérience scientifique. Quand elle en parle autour d’elle, on sourit poliment, on s’inquiète pour son sommeil, voire même on la prend carrément pour folle. L’avenir lui donnera-t-il raison ?


J’ai passé un bon moment avec ce livre. Pas d’inquiétude pour celles ou ceux qui, comme moi, sont allergiques à la science-fiction, le genre est ici présent à dose homéopathique. C’est un roman intriguant car raconté d’une seule voix, qui se déroule dans un Paris meurtri, subissant également le dérèglement climatique et même parfois confiné, surveillé par des drones, ce qui n’est pas sans trouver un écho particulier à l’actualité. Il y a ce rapport intriguant aux lieux, cette société auscultée dans la façon dont elle a évolué, ce monde d’aujourd’hui qui ne sera plus jamais le même qu’hier, ces rapports amoureux qui s’effritent et parfois se renforcent. Une agréable lecture teintée de mystère qui m’a accompagné par une belle journée aux allures estivales, bercé par le roulis des vagues sur la plage.


Les Fleurs de l’ombre, de Tatiana de Rosnay, est co-publié aux éditions Robert Laffont et Héloïse d’Ormesson et sorti en librairie le 12 mars 2020.

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le 21 mai 2020

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Brice B

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