Paris, dans un avenir proche. Clarissa Katsef, écrivain, a quitté son mari pour des raisons qui seront dévoilées au fil du récit et intègre une résidence d’artistes un peu particulière. Ultramoderne, son appartement au huitième et dernier étage du bâtiment est géré grâce à l’intelligence artificielle qui s’est largement développée et Clarissa bénéficie d’un assistant personnel virtuel qu’elle a malicieusement nommé Mrs Dalloway.
Au fil du temps, ce lieu qui devait servir de refuge à Clarissa commence pourtant à l’oppresser. Elle s’y sent de plus en plus mal et en révolte contre ce qu’elle ressent comme une intrusion et une volonté de la contrôler. Paranoïa, mal être, dépression, imagination débordante ou réalité d’une manipulation qui ne dit pas son nom ? C’est ce que le lecteur découvre au fur et à mesure du récit. Ou ce qu’il s’attend à découvrir.
Tatiana de Rosnay nous transporte dans un futur pas si lointain où les catastrophes météorologiques et écologiques s’enchaînent (canicule, tempête, disparition des abeilles...) et où des villes comme Paris, où se déroule le roman, ont subi des attaques terroristes d’envergure (il ne reste de la Tour Eiffel qu’un profond cratère). L’intelligence artificielle a pris une place considérable et régit à peu près tout. Une base plutôt intéressante, d’autant qu’elle paraît assez réaliste et possible.
Mais ce n’est clairement pas dans le style de la science fiction ou de la dystopie que Tatiana de Rosnay excelle. Elle n’est jamais aussi à l’aise et accrocheuse que quand elle revient sur des terrains connus (Virginia Woolf, Romain Gary, l’identité et le bilinguisme).
Pour le reste, j’ai assez vite perdu tout intérêt pour cette résidence sous surveillance en me disant que si c’était aussi insupportable il suffisait à Clarissa de s’en aller puisque après tout elle n’est pas prisonnière et que sa fille ainsi que son ex-mari, Toby, étaient susceptibles de l’accueillir.
Par ailleurs, plein de début de pistes sont explorées qui n’aboutissent jamais à rien (quid de cette Mia soi disant fan de Clarissa qui prend contact avec elle ? Ou de ce voisin, Jim, qui disparaît sans laisser de traces ? De cette histoire de poudre qui tombe du plafond dans sa tasse à thé ? Ou encore de ce point commun prometteur entre les résidents mis en lumière par la petite fille de Clarissa ?). Sans parler de la conclusion qui laisse clairement le lecteur sur sa faim et sans aucune réponse à toutes les questions qui ont été soulevées au cours du récit.
Le tout est sans relief, désincarné, sans émotion. Sauf quand sont abordés les thèmes des écrivains (Woolf et Gary) ou de la perte d’un enfant où on sent poindre un peu de vie dans le récit.
Une déception pour moi, car cette auteure a su plus d’une fois me toucher avec d’autres romans. Celui-ci ne restera pas longtemps dans ma mémoire.