On me l'a pourtant dit et répété que ce n'était pas un écrivain, au mieux un médiocre journaliste, au pire un vil opportuniste surfant sur le ressac du New Age des années 80...
J'ai supporté des heures durant d'entendre ces universitaires spécialistes de Gracq et leurs moutonneux étudiants cracher sur tout ce qui pouvait ne pas répondre à leur définition d'un projet d'écriture.
Alors oui, je concède volontiers que Werber ne m'a jamais ému comme Brontë, ni heurté comme Murray. Là où Céline m'a fait comprendre ce qu'un style signifiait, l'écriture de l'ancien journaliste scientifique était au contraire plate et factuelle.
Oui mais voilà, Bernard Werber a su me raconter des histoires, à un moment où je ne voulais plus en lire (adolescence, mon désamour). Certes sans beaucoup de style littéraire, mais avec efficacité.
Je reste persuadé que son personnage d'Edmond Wells (p***** je me souviens même de son nom 15 ans plus tard !) et son encyclopédie du savoir relatif et absolu a provoqué la suite de mon parcours de lecteur. En ouvrant, par la petite porte, des dizaines d'autres dans mon esprit, il a su piquer ma curiosité, m'amener à découvrir d'autres domaines que ceux - bien limités - que je connaissais alors. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il m'a introduit à Nietzsche, Jung et Hawking, mais je continuerai à le penser juste un petit peu au fond de moi.
Alors voilà, ce 8 représente en vrac :
- un merci à lui pour m'avoir donné le goût de la lecture à l'âge de 13 ans (ah oui, en apparté : autant pour mes enseignants de l'époque, mais "Les palombes ne passeront plus" de Michelet au collège, ça ne créé pas tant de vocations littéraires que cela...)
- un merde au mépris et à l'intolérance de certains cultureux - diplômés ou en voie de l'être - qui l'ont méprisé sans le lire (ah oui, en apparté également : je fais la même chose pour Marc Lévy aujourd'hui finalement...merde à moi même)
- un aveu pour moi qui n'ai jamais osé prendre sa défense devant les susnommés (ah oui, en apparté ter : lâcheté quand tu nous tiens)
- un souvenir, car les derniers que j'ai pu lire de l'auteur m'ont particulièrement déçu
- une revendication de bibliothécaire qui continuera à le recommander à des parents cherchant à redonner envie de lire à leurs chers ados
Thanks Bernard, tmtc.