Au départ une idée originale ; décrire la vie d'une communauté de fourmis : pourquoi pas ? C'est extrêmement documenté, on apprend un tas de choses, c'est assez bien mené, c'est presque passionnant, et agréable à lire.
Malheureusement Werber a voulu panacher son histoire avec des épisodes humains, et là c'est une catastrophe ! Un style qui sent tellement la poussière qu'on se croirait dans les pires romans non-préhistoriques de J Rosny-Ainé.
Illustration : A un moment du récit, un policier débarque chez l'héroïne du roman, il frappe donc à la porte ; que dit l'héroïne pour l'accueillir ?: "- Ah c'est vous le célèbre commissaire !", Et elle le fait entrer (Ça c'est du dialogue réaliste !) mais ce n'est pas fini, Werber veut donner de l'héroïne une personnalité marginale, anticonformiste, qui n'a pas sa langue dans sa poche etc.…
Or elle est en train, lorsque l'inspecteur frappe à la porte, de regarder une émission de jeu à la télé, du genre "questions pour un champion" mais en 80 fois pires, elle propose donc à l'inspecteur de continuer à regarder ensemble ce passionnant programme avant de passer à autre chose. (Ça aussi c'est de l'hyper réalisme). Des exemples comme celui-ci chez Werber, il y en a toutes les 40 pages ! :
Dans un autre passage, il nous décrit une sorte de cave où sont enfermés plusieurs hommes (des pompiers, des policiers et d'autres) avec une seule femme ! (cette dernière étant décrite comme jolie et attirante) le groupe va rester plusieurs semaines prisonnier de la cave…Il n'y aura aucun conflit majeur dans le groupe et en tous cas aucun conflit né du déséquilibre sexuel du groupe, l'héroïne restera intacte y compris au niveau des mots et des intentions… même dans un roman pour adolescents (ce qui est pourtant le niveau de la littérature de Werber) personne n'oserait écrire une situation aussi improbable !
Ce qui n'empêche pas Werber, d'être un joyeux obsédé sexuel (mais je ne blâmerais pas pour cela !) il tient d'ailleurs à ce que ça se sache, mais semble incapable de faire assumer cette prise en compte par ses personnages