Cela fait bien longtemps que je n'ai pas lu de Dostoïevski. Il est bon de se replonger dans ces lectures à 15 ans d'intervalle, voir si ce que l'on en avait retenu était vrai.

Je ne suis sans doute pas original dans mes goûts, mais le Dostoïevski qui m'a le plus marqué est Crime et châtiment. Je n'attends pas de ce livre qu'il détrône ce chef-d'oeuvre.


On retrouve donc les thèmes chers à Dostoïevski : des personnages qui s'interrogent sur Dieu et la morale, des être qui jouent avec la pensée de la déchéance ou du suicide plutôt qu'ils ne s'y adonnent pleinement, des personnages féminins idéalisés par des idiots, une société villageoise qui vivote et cancanne, un environnement plutôt d'intérieur alors qu'on pressent des extérieurs magnifiques, des scènes de scandale, quand l'athéisme ou la dépravation heurtent de front la piété idiote et lumineuse.


Tome 1.

Le tome 1 annonce par petites touches un crime et une enquête à venir. Il noue le drame. Il est difficile de faire autre chose que de décrire les relations entre les personnages. Soit donc trois frères : Mitia, dépravé à l'image de son père Fiodor (sorte de vieillard histrionique) ; Ivan, qui a une situation à Moscou et donne l'impression d'avoir la tête sur les épaules ; Aliocha, un être très pur qui vit sous la tutelle spirituelle du starets Zosime, une sorte de saint local.


Les femmes jètent le trouble dans les relations de ces personnages : Fiodor convoite la concubine délurée de son fils Mitia, Grouchegnka (ce nom !) ; Ivan est amoureux de la première maîtresse de Mitia, Catherine Ivanovna, femme racée et inaccessible, qui ne sait pas vraiment si elle aime l'un de ces idiots. Aliocha, de son côté, intrigue les deux femmes par sa pureté.

Evidemment, chaque personnage inflige ses états d'âme sous forme de confession absurdement longue au premier interlocuteur qui passe. Le premier tome est en revanche ralenti par de longs passages sur les interrogations spirituelles d'Aliocha, avec notamment tout un livre consacré au legs spirituel de son guide, le starets Zosime, qui veut que la religion change chaque homme pour le ramener à l'essentiel, par-delà les distinctions de classe. Or ce personnage meurt, et avec une ironie féroce, Dostoïevski décrit le trouble qui s'empare de l'assistance dévote lorsque le cadavre du saint homme, exposé, se met à dégager une puanteur surnaturelle, incitant ses rivaux en piété à crier à l'oeuvre du Malin et faire scandale. Evidemment tout cela noue une crise existentielle pour Aliocha, persuadé que son tuteur était un saint, et annonce de grands changements dans le second tome.





zardoz6704
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le 9 oct. 2022

Critique lue 34 fois

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