Je suis un aventurier

Si Ernest Haycox a de nombreuses qualités en tant qu'écrivain de western, sa principale réside dans ses descriptions pittoresques. Il excelle en effet pour retranscrire les mondes westerniens, en l'occurrence ici, un village de chercheurs d'or. Sous sa plume, nous découvrons la vie difficile de ses hommes et femmes en quête de fortune. Ils devaient effectuer de longs trajets jusqu'à des zones encore sauvages de l'Amérique et y installer un campement qui pouvait vite se transformer en repère de malfrats. Haycox décrit tout cela avec minutie, détaillant jusqu'aux composants des habitations de l'époque, mais aussi avec un certain lyrisme lorsqu'il s'agit de présenter la nature et ses grandioses paysages.

À l'intérieur de ce petit monde riche et dense, l'écrivain est très bon également pour instaurer de fortes tensions. Les séquences où le héros entre dans un saloon pour affronter des brigands créent des moments de suspense que Haycox se plaît à étirer sur plusieurs pages : les personnages se jaugent, s'envoient des piques et la pression ne fait qu'augmenter jusqu'à la fusillade ou bagarre.

Les fusillades sont d'ailleurs assez nombreuses dans ce roman puisque le héros est un as de la gâchette solitaire qui va aider une communauté à se débarrasser de ses hors-la-lois. L'histoire est classique mais se distingue par le traitement fort travaillé des personnages qui sont nombreux (j'ai remarqué que c'était le pêché mignon de Haycox d'inclure beaucoup de protagonistes dans ses histoires, donnant parfois à ses oeuvres une dimension chorale). L'une des relations les plus intéressantes est celle entre le héros et Diana Castle, deux êtres peut-être trop fiers et indépendants pour pouvoir réussir à se mettre ensemble. On note également une bonne galerie de méchants et de personnages étrangement fatalistes.

À lire pour les amateurs de western ou du cinéaste Anthony Mann puisque son film Je suis un aventurier a été en partie inspiré par ce roman.