Récit-catastrophe d'anticipation
2050, sur la lune. Une sorte d'autobus qui promène les touristes dans la mer de la Soif, une vaste dépression remplie de poussière atomique ayant les propriétés d'un liquide, tombe dans une brusque faille. Enterrés sous dix mètres de poussière, coupés du monde, avec 5 jours d'oxygène, les naufragés attendent patiemment les secours.
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Ce récit-catastrophe est assez prévisible, mais il fallait en trouver les prémisses, et l'on retrouve la grande force de Clarke : sa capacité à faire de l'anticipation crédible, qui transpose un schéma narratif connu à une époque plus avancée technologiquement. Si les rebondissements sont assez faibles, et si les personnages manquent un peu d'épaisseur, la narration est bien huilée. Un peu trop, même : on voit parfois un peu les ficelles, la phrase de fin de chapitre qui amorce quelque chose pour le chapitre suivant.
Clarke alterne le point de vue des naufragés et celui des sauveteurs, en plaçant ses ellipses pour créer un suspense parfois un peu facile, mais en général prenant. Les naufragés ne peuvent pas connaître la profondeur à laquelle ils sont enfouis. Puis souffrent de l'ennui, de l'incertitude de savoir s'ils vont ou non être sauvés, puis de l'isolement, puis du risque d'empoisonnement au dioxyde de carbone, etc, etc... Outre le capitaine, il y a le commodore, un ancien héros de la conquête spatiale, l'hôtesse courageuse, l'avocat marié à une grosse rigolotte ancienne danseuse de charme, la vieille fille desséchée et irascible, le savant indien très calme, l'illuminé des soucoupes volantes, etc... Côté sauveteurs, Tom Lawson, l'astronome prodige sociopathe qui va se découvrir un talent pour les médias, et l'ingénieur-chef, Lawrence, attachant mais peu personnalisé ici.
Un roman de jeunesse de Clarke, bien ficelé mais un peu conventionnel.