Première rencontre avec cette auteure nobélisée et malgré un style que j'ai jugé assez distant, je suis plutôt satisfaite.
"Les grands-mères" est un récit solaire, non seulement parce qu'il se passe intégralement en été même s'il s'étend sur plusieurs décennies - l'auteure ayant visiblement tenu à donner à son récit la lumière naturelle et poétique que seul le soleil fournit - mais aussi parce que ses personnages rayonnent d'une intensité affective assez extraordinaire.
Roz et Lil sont amies depuis l'enfance. Aussi proches et complices que si elles avaient été jumelles, elles ont pris l'habitude de tout partager : bonheurs et soucis de la vie. Leurs parcours sont différents et pourtant parallèles. Avec le temps, viennent l'expérience et la maturité ; ces femmes sont devenues épouses puis mères. Des mères que le hasard des circonstances - ou la perversité du destin - va inciter à partager leur "bien" le plus précieux : leurs fils.
Il s'agit d'un roman qui parvient à être poétique sans lyrisme. Figuratif : les descriptions sobres brossent en quelques traits fins décors et caractères. J'ai été heureuse de ne pas être engluée dans des envolées emphatiques, mais dans le même temps, je ne me suis jamais sentie proche voire identifiée à aucun des personnages. le texte a donc coulé sur moi avec la pureté d'une eau limpide et transparente mais sans laisser de traces. La tension sexuelle et affective qui lie les quatre personnages principaux ne m'a pas réellement séduite, sans pourtant me mettre mal à l'aise ; je dirais plutôt que l'incongruité de leurs relations est si atypique et déplacée qu'elle n'a pas suscité en moi de réelle implication dans le récit. C'est un récit qui parle d'amour mais j'ai eu du mal à nommer "amour" les sentiments décrits.