Les Hauts de Hurle-Vent par Gwen21
Ouf, enfin terminé.
Que de longueurs...
Pour rien au monde je n'aurais voulu vivre dans le cercle intime de la famille Brontë. Malgré le talent pour l’écriture équitablement partagé entre les trois sœurs et leur imagination féconde, je ne peux m'empêcher de penser que l'ambiance dans leur salon, pendant les longues soirées d'hiver, devait être bien morose et bien ennuyeuse pour avoir fait naître dans leur esprit tant de noire inspiration et ce goût pour la littérature dramatique - oserai-je dire gothique ?
Je m'explique assez mal la séduction de ces célébrissimes "Hauts de Hurle-Vent" ; un roman qui n'offre ni confort ni réconfort. Tous ses personnages semblent maladifs, frêles et fantasques jusqu'à la folie. Oui, je dis bien folie plutôt que passion car ladite passion légendaire censée peupler les pages du roman le plus connu d'Emily Brontë ne m'a tout simplement pas conquise ; elle m'a seulement semblé témoigner d'un dérèglement collectif du comportement, un défaut de mesure dans les relations humaines et l'indice d'une détestable propension à se laisser guider par l'orgueil et l'égoïsme. De plus, je l'ai trouvée ennuyeuse et peu crédible. Le fait qu'il y ait en réalité deux histoires en une, étroitement soudées par le désir de vengeance d'un triste individu, violent et antipathique, qui se caractérise par une fâcheuse tendance à séquestrer ceux qui franchissent le pas de sa porte et à déterrer les morts, a fait considérablement baisser l'intensité du récit et le peu d'intérêt que je lui portais.
Aucun confort ne vient pallier l'exaspération croissante ressentie au côtoiement des protagonistes : la météo du Yorkshire est unilatéralement froide et lugubre ; les intérieurs des Hauts de Hurle-Vent (il s'agit du nom du domaine où se déroule le récit) sont sales et repoussants ; l’ambiance vraiment morbide ; tout le monde est plus ou moins fou ou poussé à le devenir. Les décès se succèdent, quels que soient leur cause et l'âge des intéressés, dans une danse macabre dont la litanie lasse très vite.
Bien sûr, je reconnais une qualité de style qui mérite qu'on s'y arrête mais ma lecture a tout de même souffert de la traduction surannée de Frédéric Delebecque qui date de 1847. Au final, je ressors de ce voyage dans les landes, au pays des spectres et des amours retorses, avec la satisfaction d'avoir pris connaissance d'un classique de la période mais avec également un certain soulagement. Vite, du rire, de la vie, de la lumière, de la simplicité, vite, un Jane Austen !