Ouf, enfin terminé.
Que de longueurs...

Pour rien au monde je n'aurais voulu vivre dans le cercle intime de la famille Brontë. Malgré le talent pour l’écriture équitablement partagé entre les trois sœurs et leur imagination féconde, je ne peux m'empêcher de penser que l'ambiance dans leur salon, pendant les longues soirées d'hiver, devait être bien morose et bien ennuyeuse pour avoir fait naître dans leur esprit tant de noire inspiration et ce goût pour la littérature dramatique - oserai-je dire gothique ?

Je m'explique assez mal la séduction de ces célébrissimes "Hauts de Hurle-Vent" ; un roman qui n'offre ni confort ni réconfort. Tous ses personnages semblent maladifs, frêles et fantasques jusqu'à la folie. Oui, je dis bien folie plutôt que passion car ladite passion légendaire censée peupler les pages du roman le plus connu d'Emily Brontë ne m'a tout simplement pas conquise ; elle m'a seulement semblé témoigner d'un dérèglement collectif du comportement, un défaut de mesure dans les relations humaines et l'indice d'une détestable propension à se laisser guider par l'orgueil et l'égoïsme. De plus, je l'ai trouvée ennuyeuse et peu crédible. Le fait qu'il y ait en réalité deux histoires en une, étroitement soudées par le désir de vengeance d'un triste individu, violent et antipathique, qui se caractérise par une fâcheuse tendance à séquestrer ceux qui franchissent le pas de sa porte et à déterrer les morts, a fait considérablement baisser l'intensité du récit et le peu d'intérêt que je lui portais.

Aucun confort ne vient pallier l'exaspération croissante ressentie au côtoiement des protagonistes : la météo du Yorkshire est unilatéralement froide et lugubre ; les intérieurs des Hauts de Hurle-Vent (il s'agit du nom du domaine où se déroule le récit) sont sales et repoussants ; l’ambiance vraiment morbide ; tout le monde est plus ou moins fou ou poussé à le devenir. Les décès se succèdent, quels que soient leur cause et l'âge des intéressés, dans une danse macabre dont la litanie lasse très vite.

Bien sûr, je reconnais une qualité de style qui mérite qu'on s'y arrête mais ma lecture a tout de même souffert de la traduction surannée de Frédéric Delebecque qui date de 1847. Au final, je ressors de ce voyage dans les landes, au pays des spectres et des amours retorses, avec la satisfaction d'avoir pris connaissance d'un classique de la période mais avec également un certain soulagement. Vite, du rire, de la vie, de la lumière, de la simplicité, vite, un Jane Austen !

Créée

le 11 févr. 2015

Critique lue 3.1K fois

24 j'aime

5 commentaires

Gwen21

Écrit par

Critique lue 3.1K fois

24
5

D'autres avis sur Les Hauts de Hurle-Vent

Les Hauts de Hurle-Vent
SanFelice
8

Wuthering Heights, caverne des démons et de la mort

Wuthering Heights Et dire que je m'attendais à lire une belle histoire d'amour ! Et dire que je pensais me trouver dans un texte romantique à souhait, avec exaltation de la nature et tout le toutim...

le 9 mai 2015

70 j'aime

5

Les Hauts de Hurle-Vent
King-Jo
9

Emily Bronte hurle, et ce n'est pas pour du vent

J'avoue que je m'attendais, avant de lire ce chef d'oeuvre, à me retrouver face à un truc un peu girly avec une histoire d'amour plus ou moins possible et un flot continu de sentiments vivaces... Que...

le 1 janv. 2013

60 j'aime

42

Les Hauts de Hurle-Vent
ultra_levure
10

Critique de Les Hauts de Hurle-Vent par ultra_levure

J'ai lu wuthering height quand j'avais 16-17 ans, je pense c'est l'age parfait pour ce livre. A l'époque je me suis totalement retrouvée dans le personnage torturé qu'est Heathcliff. Quelqu'un de...

le 8 juil. 2010

45 j'aime

6

Du même critique

La Horde du contrevent
Gwen21
3

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

le 1 janv. 2014

66 j'aime

24

La Nuit des temps
Gwen21
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

le 15 sept. 2013

55 j'aime

10

La Disparition de Stephanie Mailer
Gwen21
1

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

le 22 mai 2018

33 j'aime

8