Cinquième tome de la Ténébreuse situé dans la période des Cent royaumes, Les héritiers d'Hammerfell narre l'histoire d'une vendetta séculaire entre deux seigneuries voisines, les Storn et les Hammerfell.
Ces derniers, lors d'une attaque au feuglu qui consume leur château, se voient séparés. Le père ayant péri dans les flammes, la jeune mère s'enfuit avec un des jumeaux, croyant l'autre perdu dans la confusion. En fait, un fidèle écuyer l'a sauvé et l'éduque dans la vie rude qui est la sienne. De son côté, Erminie, la mère, a trouvé refuge auprès de cousins et exerce son talent dans le laran au sein d'une tour. Chacun vit de son côté en croyant les autres disparus. Mais 20 années plus tard, le lien qui existe entre les deux jumeaux les conduits à se retrouver. Commence alors la ballade d'Hammerfell.
L'écriture de Marion Zimmer Bradley est toujours aussi agréable à parcourir. Ses personnages s'avèrent attachants, riches de leurs qualités et de leurs défauts fondamentalement humains. L'histoire monte en puissance et le lecteur se demande comment vont interagir ces deux jumeaux, l'un élevé dans l'honneur de sa famille et la vie rude d'un homme de terrain, l'autre vénéré par sa mère et ayant connu l'oisiveté jusque-là. Beaucoup les sépare mais le sang et l'histoire familiale les rassemble.
Cependant la dernière partie de ce court roman glisse vers la fable classique et tout se résout un peu trop facilement, à l'instar de contes pour enfants. Ce qui faisait toute la tension dramatique dans les précédents opus, avec des déchirements poignants, n'est ici développé que dans la première moitié du roman et s'efface progressivement pour une fin convenue, quoique plaisante.
C'est donc davantage ici la légèreté de la plume de l'auteure qu'il convient de célébrer plus que la densité de l'intrigue. Une lecture néanmoins agréable qui enrichit davantage le monde de Ténébreuse.