Comme une vieille envie de brûler mon soutien-gorge...
C'est un livre intéressant à plusieurs titres. Déjà, Robert Merle écrivait bien, j'ai lu le bouquin d'une seule traite. Ensuite, on est dans un genre de post apo, et pour ma part, je suis friande du genre.
Le principe de la quasi extinction d'un des deux sexes de l'humanité apparaît dans plusieurs ouvrages, mais, ce n'est peut-être que mon ressenti, j'ai quand même la vague impression que c'est plus souvent les femmes qui meurent.
Or la non, seuls les hommes , et plus particulièrement les "sexuellement capables" sont touchés.
A partir de là, le narrateur se retrouve "protégé" dans un univers carcéral, voire concentrationnaire, tandis qu'une dictature "féministe extrêmiste" s'installe à la Maison Blanche.
Pour la suite, à vous de lire.
Cependant, cette lecture m'a interpellée également sur le féminisme actuel.
De nos jours, être féministe passe, hélàs, presque pour un gros mot: on associe immédiatement féminisme et happening des Femen ou des Ni putes Ni soumises, ou féminisme et suppression du "Mademoiselle".
Ce texte de 1974 me renvoie à mes interrogations actuelles, sur un progrès nécessaire de l'égalité femme/homme, mais qui peut vite être dévoyé pour des intêrêts futiles ou récupéré par des individus pas forcément pour l'interêt général (la mademoiselle/madame n'est pas dramatique en soi, par contre les inégalités dans le monde du travail, par exemple, n'évoluent guère, enfin, ça c'est mon avis).
Ce livre m'interroge aussi sur la montée des extrêmes à notre époque.
Certes, on est dans le livre dans le contexte de départ de la guerre froide, néanmoins, l'épidémie radicalise les positions.
Regardez dans les rues et les pays voisins si les positions ne se radicalisent pas tranquillement, depuis 10/15 ans.
Un autre point dont je ne suis pas bon juge,c'est la lecture de ce livre par des hommes. Franchement, je l'enverrais avec plaisir en travers de la figure à mon ex pour qu'il le lise. J'ai eu l'heur d'être élévée par un couple ou l'autorité, les tâches, les responsabilités etaient réparties équitablement. Mon ex venait d'une famille avec un modèle très patriarcal, et je me demande franchement si cette lecture ne lui ferait pas du bien, car involontairement, lui comme pas mal d'autres hommes reproduisent les comportements sociaux dans lesquels ils ont été élévés. Et c'est patriarcal à mort, genre c'est bobonne qui fait le repassage (j'hallucine toujours sévère quand plusieurs de mes copines estiment normal de repasser les chemises de leur conjoint, et que le pauvre, il sait pas faire) .
Donc je voulais aussi saluer Robert Merle, qui à mon sens, fait un travail remarquable sur le ressenti du narrateur, les personnages bien définis (il a du s'amuser sur le champ lexical de visqueux/répugnant pour l'un d'entre eux, en tous les cas, j'ai apprécié ces descriptions peu râgoutantes) l'inversion des rôles, la construction d'un univers cohérent, la place sociale traditionnelle des uns et des autres. Et en plus, les réflexions des personnages sont loin d'être dénuées d'humour, ce qui ne gâche rien.
Bref je recommande assez chaudement.
Sinon, la couverture du folio poche est plutôt fun tant elle me paraît caricaturale, et de ce fait, sexiste.
Et non, je ne repasse les chemises de personne.
Ps: C'est curieux comme deux lecteurs voient les choses différement, ma révérée manman, a qui j'ai fait lire ce livre, l'a trouvé extrêmement pas féministe du tout.