Les Insoumises
8.3
Les Insoumises

livre de Célia Levi (2009)

Merveilleux, merveilleux livre que Les Insoumises. Pour la petite histoire (puisqu'il y en a toujours une), j'ai découvert via mon très bon ami / ancien patron / sensei culturel les éditions Tristram l'année dernière. Après avoir avalé en chialant Le Dernier Contingent (merveilleux , merveilleux livre dont je n'arrive toujours pas à parler, parfois les mots manquent), j'ai reçu en cadeau ce petit livre de Célia Lévi avec comme seule indication que "je me reconnaîtrais sans doute dedans". Je ne m'attendais pas à m'y reconnaître à ce point.

D'un point de vue purement formel, ce qui est très intéressant dans Les Insoumises c'est cette intemporalité qui tient sans doute à la rigueur de la langue. Levi à sans doute beaucoup plus lu Flaubert et Madame de Staël qu'Ovaldé ou Pennac - en utilisant une langue extrêmement riche mais aussi incroyablement "propre", classique, Levi supprime toute indication de temps ou d'époque, créant ainsi un espace s'adressant à n'importe quelle génération ayant eu un jour entre 16 et 25 ans. Bien que l'on imagine l'action se déroulant post 68 (les quelques indications sociologiques aidant à penser que), il serait presque possible d'imaginer les héroïnes échangeant ces mêmes lettres sous la régence des Bourbons. Il est incroyablement difficile d'écrire un livre sans date - c'est ce qui fait peut être la force première de celui ci. Sa portée universelle, sa simplicité et sa justesse permettent une lecture qui n'a aucune attente, puisqu'elle n'a aucun jugement face au possible contexte historique de l'intrigue.

Pour ce qui est du fond, la série de lettres présentent des personnages extrêmement attachants, ne tombant jamais dans le stereotype, mais dont il est très facile de se sentir proche. Qui n'a jamais senti ce vide intergalactique à l'approche de ses vingt ans, qui n'a jamais défendu bec et ongles une cause utopiste parce que, ben parce qu'il faut bien trouver une raison de vivre, qui n'a jamais voulu s'échapper, se battre contre, se battre avec, rendre les armes ?
En explorant des thèmes simples avec une justesse impressionnante, Célia Levi signe un premier roman qui aurait pu être tellement casse gueule, mais qui s'avère être un bijou de littérature, toujours tendre, sincère et rythmé, dont on ne sort pas indemne -

ps: j'ai fais un petit test en le faisant lire après coup à mes deux sœurs, 15 et 18 ans, et bingo : elles s'y retrouvent autant que moi, qui vient d'en avoir 24.

NanténéTraoré
10

Créée

le 4 déc. 2017

Critique lue 178 fois

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Utstu
10

Un récit intemporel et concret, idéaliste et hyper-réaliste, généreux et sans pitié.

Un ouvrage auquel je reviendrai souvent. Bluffant et totalement inattendu, tant dans la forme que dans le fond. Merci Célia Levi <3

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