Un itinéraire singulier

L’itinéraire d’un homme, Antoine, fils d’ouvrier devenu ouvrier lui aussi dans une aciérie qui ferme et relocalise. Avant d’y travailler, il a zoné, été un peu étudiant mais en dilettante, a fréquenté des militants, mais sans arriver à s’intégrer réellement nulle part, toujours un peu en dehors ou en marge de chaque milieu qu’il fréquentait. A l’usine, il a pris la parole dans des réunions, exprimé sa colère et sa rage ; on l’a écouté, mais il ne peut non plus s’intégrer vraiment au syndicat. Il est en colère, mais sans en connaître vraiment la cause. Il erre un peu dans sa vie. A la suite d’une rencontre avec un vieux bouquiniste, il part au Brésil avec lui. Voyage initiatique qui met en lumière tout ce qui a précédé dans sa vie. En dehors des causes politiques et économiques, l’autrice se penche sur l’individu, le rêve d’enfance de chacun, le fait d’être un individu et ce qu’on fait de sa vie, ce qui nous relie aux autres et ce qui nous en sépare. Livre délicat, parfois poétique, qui donne la voix à un personnage parlant peu et ayant justement du mal à exprimer en mots ce qu’il ressent, mais ce sont finalement les mots qui l’aident à se reconstruire une vie et une personnalité, en lui faisant comprendre ce qu’il ressentait trop vaguement jusque là. Ce roman a été écrit après un an de rencontres régulières (comme un espèce de cercle de paroles) avec des ouvriers, pour poursuivre le dialogue, pour parler d’eux, les évoquer à travers autre chose que le travail, en tant qu’individus.