Au milieu d'une œuvre largement consacré à des thèmes peu en rapport avec la SF ("Le pont de la rivière Kwaï", "L'épreuve des Hommes Blancs", "William Conrad"...), Pierre Boulle est surtout connu à travers son très mémorable roman "La planète des singes". Sans l'égaler par son originalité ou sa portée, "Les jeux de l'esprit" constituent néanmoins une fable tout à fait édifiante, une variante de "Meilleur des mondes" où les savants et les intellectuels prennent le contrôle de la Terre, afin d'essayer de faire le bonheur des hommes, avant de se rendre compte d'une étrange contradiction : plus les sociétés s'améliorent, plus les hommes s'étiolent.
Pour contrecarrer ce dépérissement, ils ne trouvent rien de mieux que de créer des jeux de téléréalité extrême, basés sur la reconstitution de grandes batailles du passé (idée qui sera brillamment reprise par Pierre Bordage dans "Wang").
Au final, on réalise qu'à force de se prétendre rationnels, les hommes peuvent dériver vers l'opposé, jusqu'à sacrifier des milliers d'entre eux en massacres ludiques (du pain et des jeux...) et à s'en remettre à l'astrologie.