We work in the dark
Très bon polar où le suspense est presque insoutenable ! Au fil des pages, on pressent qu'une catastrophe va arriver. Tout semble pourtant bien commencer avec l'idée d'un jeune professeur d'aider un...
Par
le 17 mai 2012
Dans les années 50, dans l'état du Mississippi, Jack Branch, fils de bonne famille enseigne au sein du collège de la modeste ville de Lakeland. Pour le moins singulier, son cours a pour thème le mal et se penche sur différents aspects de la notion, illustrés de faits avérés et de personnages historiques. Suite à un devoir ayant pour thème le portrait d'une figure du mal, Eddie Miller, jeune étudiant, décide d'orienter ses recherches sur son père, l'homme connu de tous comme étant le Tueur de l'étudiante il y a quinze ans de cela. Touché par la fragilité apparente du garçon, Branch le prendra sous son aile, sans se douter de la portée qu'aura une telle relation.
Un sympathique polar qui nous est offert par l'auteur, qui sait nous tenir en haleine au fil des pages. Aussi le livre se lit rapidement et sans difficulté, grâce à une distillation du suspense qui sait se faire efficace. En effet, Thomas Cook sait maintenir l’intérêt du lecteur tout au long des chapitres en laissant sous-entendre un terrible drame sensé se produire en guise de final. Sous-entendu parfois un peu trop appuyé qui semble nous être rappelé tel un cliffhanger à chaque fin de chapitre, néanmoins c'est là le meilleur moyen de garder l'attention du lecteur, et l'on peut dire que cela fonctionne.
Au-delà de la relation professeur/étudiant, l'ensemble des liens entre les divers protagonistes laisse transparaître une mentalité héritée de la période confédérée. La dichotomie entre la population: bien nés qui témoigne d'une certaine fierté et supériorités naturelle due à leur lignage, et les autres; aux racines plus modestes, ces habitants du quartier dit des Ponts. Aussi, tout au long du récit, on a une sorte de gigantesque champ lexical des forces qui se dévoile: dialogues et surtout argumentations et comparaisons sont marqués du sceau de cette opposition dominant/dominés, de comparatif mélioratifs et péjoratifs.
Des oppositions certes intéressantes, bien qu'elles peuvent laisser transparaître parfois une certaine prétention chez le personnage principal, convaincu de son statut bonifié et de fait parfois hautain. Toutefois, la retranscription de l'état d'esprit entre les différentes classes sociales de l'époque ne s'en voit que d'avantage mise en lumière.
En ce qui concerne l'écriture en elle-même, l'auteur dispose assurément d'une belle plume, témoin d'un langage soutenu. De plus, le livre est émaillé de nombreuses références littéraires dans les réflexions du personnage principal. A titre personnel cependant, je trouve ces allusions parfois mal amenées, donnant le sentiment que Jack Branch veut simplement étalé sa science:
«...pris mon volume de **Suétone sur la table basse à côté, et essayai de me perdre dans les crimes de la Rome antique. Mais j'avais beau faire, leurs atrocités me paraissaient bien éloignées de tout. J'aurais pu les lire jusqu'à ce que je sois devenu, pour paraphraser le vers mélancolique de Yeats, «vieillissant, grisonnant et à demi sommeillant», sans pour autant rien découvrir que les livres ne puissent nous révéler.»**
Exemple ou la référence est, à mon sens, mal placée et semble presque forcée, conférant parfois un style ampoulé et lourd.
Reste tout de même une œuvre plaisante à lire, offrant un dénouement qui, quoique un brin précipité compte tenu du rythme plutôt lent de la narration, sait nous prendre à contre pied et clos l'ouvrage dans une certaine mélancolie savamment retenue.
Créée
le 15 sept. 2016
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