Quatre mains libres pour deux artistes de génie, la plume calque les mots et croque le dessin. Eluard et Ray, Ray et Eluard, l’homme rayon et l’ambassadeur du surréalisme ne pouvaient que se rencontrer sur un projet artistique de cette ampleur. Car c’est un véritable dialogue qui s’instaure dans ce recueil, où « leur monde dépend de nos yeux purs et leur sang coule de nos regards ». Dialogue croisé entre eux, mais aussi dialogue avec le lecteur. De l’éternel féminin, aux guerres meurtrières, d’une réhabilitation de Sade, à l’onirisme parfois abscons (on pense souvent à Aloysius Bertrand), réflexion, fascination et éblouissement vous saisissent. Ce sont des visions étranges, parfois drôles qui s’allient entre mots et graphisme où l’auteur bicéphale « espère ce qui lui est interdit ». Œuvre surréaliste par excellence, ce sont autant de sentiments contrastés, sublimés où d’imaginaires revisitées sur l’absence et la solitude qui viennent contrarier nos sens, propres ou figurés.