La crise de 1929 succède à une grande période d'enrichissement aux Etats-Unis. A l'époque du procès d'Andrew Mellon (1935), homme qui a inspiré la silhouette du Monopoly, il est l'un des hommes les plus puissants du monde ; l'un des inventeurs du capitalisme financier et de la théorie du ruissellement, il a été Ministre des Finances pendant dix ans et possède l'une des plus grandes fortunes des Etats-Unis.
Avec ce procès qui revêt pour eux une dimension pédagogique essentielle, les New Dealers lui reprochent un usage frauduleux de la philanthropie, après son achat rocambolesque, en toute illégalité, de dix-neuf chefs d'œuvre du musée de l'Ermitage, d'avoir maquillé une vente d'entreprise en fusion car les fusions sont exemptes d'impôts et d'avoir baissé son imposition en vendant des actions à perte par le biais d'une banque qui lui appartient.
L'essai de Romain Huret se lit comme un roman, à la manière d'un thriller politico-financier nous dit son éditeur, convoquant des figures passionnantes, en particulier celles de deux principaux avocats qui se confrontent. Bien au-delà du procès d'un homme puissant, ce sont deux visions de la société, et la survie de la démocratie qui est au coeur des débats.
Romain Huret retrace cette histoire fascinante et oubliée, une humiliation pour la famille Mellon qui a voulu en effacer toutes les traces, tout en laissant le soin aux lecteurs de la faire résonner avec notre époque. Et elle résonne si fort.