Pour commencer, je voudrais déconseiller l'édition Livre de Poche, les annotations racontent dans le plus grand des calmes la suite de l'histoire, donc pour les personnes comme moi qui ne connaissaient pas l'histoire des Misérables (à part l'histoire du vol de Jean Valjean) ça pourrit un peu l'expérience.
En me lançant dans cette oeuvre je n'avais aucune connaissance de l'histoire des Misérables. Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendais. Bien évidemment j'avais entendu parlé de Jean Valjean et de la scène du vol de l'argenterie de l'évêque Myriel. Presque 2000 pages il faut se les coller et ce n'a pas toujours été une soirée crêpes. Quelle histoire! Une merveille. Les Misérables est une oeuvre qui ne vole pas sa place parmi le gratin de la littérature Française. Enfin une oeuvre qui allie le fond et la forme, un beau style d'écriture avec une histoire complexe qui, rare pour l'époque, est pleine de suspense.
Que dire de cette histoire, qui nous plonge dans l'intimité d'une poignée de personnages, qui viendront tous à se côtoyer à un moment dans le roman. Les Misérables est une oeuvre qui pousse à la bonté, comment ne pas être inspiré par les bontés de l'évêque, la repentance de Jean Valjean? Comment ne pas être outré par l'attitude et le zèle excessif de Javert? Hugo fait magnifiquement bien vivre ses personnages, véhiculant les émotions de manière très éfficace. J'ai du retenir une larmichette à plus d'une reprise devant les sacrifices vains de Fantine, devant le bonheur excessif de Jean Valjean, bref ce roman à une puissance rare.
L'histoire, (pour un classique du XIXème), est complexe. De multiples personnages, très bien développés qui ont tous un rôle à jouer dans cette histoire pleine de rebondissement, de suspense et d'action.
Les Misérables est une oeuvre en elle-même, car Hugo n'y raconte pas seulement une histoire, il y fait un travail d'historien, nous donnant le contexte historique, politique et sociologique de certaines scènes. Ce travail donne une profondeur supplémentaire au roman mais le revers de la médaille fait que ces passages parfois très longs ne rendent pas le récit accessible aux lecteurs les moins endurants (voire pénitents). 20 pages sur les couvents et la condition de bonne sœur? Pourquoi pas? 50 pages sur la stratégie militaire de Waterloo? un peu moins. 30 pages sur l'histoire des égouts de Paris? Bof 30 pages sur l'organisation de la révolution à Paris? Carrément.
Les Misérables est un travail titanesque pour ce que cela offre et pour avoir pu garder une histoire pareille cohérente sur près de 2000 pages, et avoir su mettre autant de suspense d'émotion et d'aventure parisienne dans un récit écrit au XIXème. Je ne suis pas Parisien, j'ai un peu le regret de ne pas vraiment avoir pu reconstituer les escapades de Jean Valjean à travers cette ville, comme j'ai pu le faire avec les roman de Flaubert ou Maupassant.
Vu la taille de ce classique, il est recommandable aux lecteurs aguerris, à ceux qui ne referment pas un livre facilement. Pour les autres, je suppose qu'il existe des versions abrégées, mais ce serait dommage de ne parcourir cette oeuvre qu'à moitié.
Mes respects