Je vais avoir du mal à noter ce livre. Un collègue avec qui je m'entendais bien me l'avais prêté. Entretemps, il est décédé d'un cancer. Quand je l'ai enfin ouvert après avoir appris la nouvelle de sa mort, j'ai trouvé un post-it à l'intérieur : "quand tu auras fini, donne-le au CDI".
Je comprends bien ce qui plaisait à Bruno dans ce livre. C'est une fable, illustrée comme un livre pour enfant, en gros comme Le petit Nicolas. Lors d'un débat télévisé pour l'émission présidentielle, les mots se mettent en grève : on ne peut plus parler. Puis cela passe, et l'AMI (L'Association des Mots Immigrés) contacte le conseil constitutionnel et réclame que le créneau de prime time soit consacré pendant une dizaine de jours aux mots, afin de rappeler que beaucoup sont venus de l'étranger. A la tête de ces mots, Mme Indigo, venue d'Andalousie.
La suite du livre est un peu rébarbative : chaque chapitre montre des mots d'usage courant, dont on apprend que leur vocabulaire est venu d'apports successifs de population sur notre territoire. Ainsi, les mots celtes correspondraient beaucoup à la végétation, les mots germaniques à l'activité humaine. Il y a les mots latins, les mots espagnols, les mots italiens, les allers-retours avec l'anglais, les langues régionales, etc... mais aussi les mots de l'outre-mer, le rôle de la francophonie, etc...
La fable se déroule assez naïvement avec un public qui, heureux de ces connaissances, devient plus ouvert d'esprit. C'est bourré de bon sentiment comme il se doit pour un livre à destination des enfants, mais l'aspect un peu "procédé" de l'histoire, qui enfourne dans la bouche du lecteur des étymologies les unes à la suite des autres, risque peut-être d'être un peu indigeste.
En fait c'est typiquement le bouquin qu'on aimerait si on le lisait vers 10 ans avec sa mamie. La démarche est louable.
Merci pour la découverte, Bruno.