Ça faisait un petit temps que je ne m'étais plus frotté à du space-opera à la française, et je n'avais encore pas lu de Romain Bennassaya, qui n'en est pourtant pas à son coup d'essai en la matière.
Et du coup, qu'est-ce que ça donne ?
Ce roman se déroule dans notre futur, en 2700 je sais plus combien. Ce n'est pas (très) important. Ce qu'il faut retenir, c'est que Mars et Vénus ont été colonisées et terraformées, que la Terre est devenue inhabitable, et que les populations ayant fui la planète bleue dans des vaisseaux de fortune se sont vues refuser l'asile par Mars et Vénus.
Mars et Vénus se regardent en chien de faïence, figées dans leur ancienne rivalité pour la domination du système solaire, tandis que les réfugiés terriens meurent à petit feu sur les divers planétoïdes habitables du système solaire.
Au début du roman, cependant, nous nous retrouvons embarqué au sein d'une expédition conjointe de martiens et de vénusiens, en route vers un système situé à 19 années lumière du système solaire.
Les deux puissances ont en effet appris récemment que l'Embrun 17, un vaisseau de l'époque de l'Exode terrien (400 ans plus tôt) était disparu des radars pour réapparaître instantanément à 19 AL de là.
Ni Mars, ni Vénus ne maîtrisant le vol à vitesse luminique, comprendre ce phénomène (et surtout apprendre à le reproduire) devient une priorité. L'expédition conjointe, rendue nécessaire par l'éloignement de la destination, est supposée garantir que personne ne tire la couverture à lui.
Bien sûr, chacun vient pourtant avec quelques arrières-pensées en tête.
Le récit, dés lors, va être scindé en deux, une partie consacrée à trois membres de l'expédition obligés de se poser en catastrophe sur Sigma Draconis IV (le nom de la planète) et l'autre à une jeune autochtone de Velloa (le nom que les réfugiés ont donné à la planète en arrivant), descendante des premiers réfugiés terriens débarqués 400 ans plus tôt, qui fuit le carcan religieux de la société mise en place par les survivants de l'Embrun 17.
Le rythme est très bien mené, les personnages riches et complexes, et on comprend assez vite que l'expédition va être un poil plus compliqué que prévu.
L'intrigue brasse large, mêlant fanatisme religieux, real politik, intelligence artificielle et premier contact avec un égal bonheur. La question des réfugiés terriens abandonnant une Terre devenue invivable, fait écho à des problématiques que nous ne connaissons que trop bien, tant sur le plan écologique qu'humain.
Le tout se tient plutôt bien, même si j'ai trouvé que la dernière partie allait un peu vite
(notamment lorsqu'il s'agit de mettre à bas la mainmise de l'église des survivants terriens, c'est un peu trop facile / rapide. On ne met pas 400 ans de conditionnement à mal en deux trois phrases et un duel)
Ce bémol mis à part, c'était une lecture très plaisante, avec de bonnes idées et des thèmes forts.