Première rencontre avec Yann Queffélec, couronnée de succès.
J'ai tout de suite été saisie par le style, une petite voix dans mon crâne me disant que cette écriture m'en rappelait une autre à laquelle j'étais particulièrement attachée. Il a fallu encore quelques paragraphes d'une narration naturaliste et franche pour que je mette le doigt dessus : Zola. Rien de moins. D'autres réflexions sont venues étayer mon comparatif audacieux au fil de ma lecture : roman social, roman noir, drame, folie, maltraitance...
"Les noces barbares" auraient aussi bien pu s'appeler "Les vies violées". Tout commence dans la violence, celle d'un crime odieux perpétré sur une adolescente par trois soldats. La haine née de la violence - et avec elle Ludovic - enchaîne tous les protagonistes de ce récit dur et troublant - qui m'a tiré des larmes - dans un réseau serré et inextricable.
Je considère le thème de la folie comme un des plus délicats à traiter en littérature et Yann Queffélec n'a certes pas volé son prix Goncourt 1985 : l'émotion est palpable, le malaise croissant, les sentiments partagés, l'atmosphère oppressante, la pitié impuissante.
"Les noces barbares" forment le récit d'un calvaire. Ludovic, enfant illégitime rejeté, maltraité, torturé et enfermé est l'incarnation de la solitude et de la marginalisation qui mènent au désespoir et à la folie. Un martyr innocent dans les deux sens du terme et pour lequel il est impossible de ne pas ressentir de compassion.
Une lecture qui remue en profondeur.