Quel plaisir de découvrir que pas moins de cinq tomes surt les treize qui existent à ce jour de cette inégalable fresque occupent le top 111 de ce site !
Mais avant de commencer à énumrer ses incroyables atouts, remarquons le découpage totalement arbitraire et purement commercial dont la version francophone a fait l'objet, chaque opus original étant découpé en deux ou trois après traduction.
Celà a-t-il un sens, d'ailleurs, de considérer séparément les divers tomes de la saga pour la notation? La structure narrative adoptée par l'auteur se prête en fait très mal au découpage en plusieurs livres,et, dans la version française, il est absolument impossible de distinguer, à la fin de chaque tome, une étape dans la progression de l'histoire des Sept Couronnes qui concerne tous les personnages à point de vue récurrents et qui justifie ce découpage plutôt qu'un autre. Considérant celà, ma note de 10 doit être considérée comme valant pour l'ensemble du Trône de Fer.
Quand j'ai découvert cette saga, à l'invitation de ma copine, je n'étais absolument pas attiré par ce genre d'histoires-fleuves, en tous cas pas en littérature. Mais le sujet m'intéressait, alors je me suis lancé. La première chose qui m'a sauté aux yeux et enchanté furent bien sûr la structure de la narration, en petits chapitres de dix à vingt pages en général (tendant à augmenter en allant vers les derniers tomes), adoptant chacun le point de vue d'un personnage récurrent de l'histoire, qui permet d'avoir l'impression de découvrir beaucoup plus de faits nouveaux en un temps de lecture donné qu'une narration centrée sur un, deux voire trois personnages maximum et organisée en chapitres suivant strictement la progression chronologique de la trame.
Simultanément, quelques pages à peine m'ont suffi pour tomber sous le charme de l'écriture de J.R.R. Martin. Jamais je ne me serais attendu à trouver un lexique aussi vaste et pittoresque dans un roman officiellement grand public. C'est dans les descriptions des paysages ou des choses animées, personnages y compris, qu'elle se révèle le mieux. Le seul auteur que j'avais lu jusqu'alors pouvant se targuer d'une même richesse et d'une même puissance d'évocation visuelle n'est autre que le grand Tolkien, à mon sens. Et encore Tolkien a-t-il pu s'appuyer sur une capacité réellement magique à inventer de nouveaux mots, et de nouvelles langues tout entières qui apparaissent non seulement cohérentes, mais aussi familières par certains aspects à celles de notre monde bien réel. Martin, lui, certainement bien aidé, en version française, par son traducteur Jean Sola dont le parti pris m'a semblé de coller autant que possible au lexique et aux tournures de phrase anglaise au maximum, n'invente pas énormément de nouveaux mots, en dehors d'une prodigieuse nomenclature de gentilices, noms de gens du vulgaire et toponymes. Il se base simplement sur le dictionnaire bien de ce monde, et l'exploite à fond. Admiration !
Au fil de la lecture, une hauteur de vue remarqauble sur la psychologie des personnages apparaît. Ceux que Martin crée et sur lesquels il s'attarde, donc avant tout les personnages à point de vue récurrent, sont criants de vérité, en dépit du fait qu'il sont censés exister dans un monde médiéval où certaines réalités élémentaires du quotidien façonnaient des états d'esprits difiificiles à comprendre pour nous aujourd'hui.
Le monde médiéval, parlons-en. C'est ce qui m'a personnellement épaté par-dessus tout dans cette oeuvre monumentale. L'univers créée, bien que basé sur des lieux et des personnages de pure invention, évoque dans ses moindres détails la réalité du passé de l'Europe du Bas Moyen Age (XIVème-XVème siècles) avec une telle force qu'on pourrait presque parler de reconstitution historique plutôt que d'invention de "fantasyste". Même le grand continent de l'est, où l'on voit évoluer la jeune Daenerys, correspond à merveille, tel qu'il est décrit, avec ses habitants et son histoire, à ce qu'a très bien pu être l'Asie médiévale, en la prenant au snes très large. Notamment, les Dothrakis font de remarqauables équivalents aux Mongols, et celà n'a sans doute rien d'un hasard si l'auteur les a choisis comme l'instrument planifié de la reconquête des sept couronnes par le dynaste déchu Viserys Targaryen, car l'émoi que celà suscite dans le monde imaginaire des romans fait ainsi écho à la grande peur provoquée par l'extension irrésistible de l'empire des khans dans l'Europe de la fin du XIIème siècle.
Tyrion
10
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le 31 mars 2012

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