Les Nourritures terrestres par aaiiaao

Lorsque tu mets un temps infini à lire un livre, savourant chaque paragraphe, le relisant même, annotant à tout va et recopiant des bribes de textes par-ci par-là, c’est bon signe. pourquoi je n’ai pas lu Gide plus tôt ? Bon probablement parce que je n’aurai pas su l’aimer. C’est en lisant André Gide que je me sens murir dans mes envies de lecture, les récits spirituels et contemplatifs me portent de plus en plus, et jamais de la vie j’aurai trouvé ce récit intéressant à 18 ans.
Les nourritures terrestres donc, sont une longue divagation géographique et naturaliste, un hymne à la volupté et à la joie simple d’une Nature exubérante. C’est de la poésie en proses, on grappille des aphorismes et des envolées lyriques à toutes les pages. Beaucoup de figures de style qui peuvent agacer : allitérations, phrases nominales, répétitions, interjections lyriques… la forme change régulièrement, on retrouve des sonnets, des extraits de journal de voyage, des lettres, des prières à Dieu… c’est parfois compassé mais qu’est ce que c’est beau ! L’écriture est souvent désuète mais terriblement vivante, vibrante, j’en suis à trois pages de citations.
On suit les errances hédonistes de l’auteur (d’une conscience), en Italie, en Algérie ou en France, c’est une ode à la Nature, au temps présent, à la plénitude des sens. Le sage n’est pas celui qui craint ou renonce, mais celui qui sait s’abandonner à la joie et à la volupté. C'est la joie que procure la soif étanchée, le repas simple quand on est affamé, ou la contemplation de la nature après une maladie. Les nouvelles nourritures, publié près de 40 ans plus tard, complète parfaitement la lecture, le ton est moins exalté mais André Gide plus que jamais conseille le lecteur, j’en suis sortie époustouflée. Le genre de livre qu’on garde près du coeur pour picorer des passages, et qui se réinvente à chaque âge de la vie.