Cet essai remarquablement écrit par Michael Pollan me fait reconsidérer plein de faits que je ne remettais pas en question : la place de la conscience qui pourrait être un champ gravitationnel plutôt qu'un fort dans notre cerveau, les effets délateurs de la tyrannie de notre égo sur notre santé mentale, la répression absurde et hystérique des psychédéliques, la méconnaissance totale des pouvoirs publics qui mélange dans un grand gloubi glouba drogues dures et psychotropes, ou encore des réflexions passionnantes sur d'autres états modifiés de conscience, comme la méditation ou la respiration holotropique. La lecture est très dense mais passionnante de bout en bout. Dans un journalisme chaleureux mais très précis, à l'américaine, Michael Pollan fait des allers retours entre le passé et le présent, son scepticisme et les faits avérés, son expérience personnelle et le concours de dizaines de scientifiques, et enfin, le réel et le spirituel. Le spirituel ne serait-il pas juste plus (plusse) réel, que le réel auquel notre cerveau nous laisse accéder ?
"Imaginez que le cerveau soit une colline recouverte de neige et que nos pensées soient des luges dévalant cette pente. Au fur et à mesure que les luges descendent les unes après les autres, un petit nombre de pistes principales sont tracées. Chaque fois qu'une nouvelle luge descendra, elle sera alors attirée par les pistes préexistantes, presque comme par un aimant. Ces pistes principales représentent les connexions neuronales les plus fréquentées de notre cerveau, dont beaucoup transitent par le réseau du mode par défaut. Avec le temps, il devient de plus en plus difficile de descendre la colline par une autre piste ou dans une autre direction. C'est comme si les psychédéliques damaient provisoirement la pente. Les pistes les plus marquées disparaissent, et la luge peut alors aller dans d'autres directions, explorer de nouveaux paysages et, littéralement, tracer de nouveaux chemins."
Que de découvertes extraordinaires en perspective...