Hoyt Stapleton, vétéran du Vietnam et héros singulier des «Oiseaux morts de l’Amérique», vit avec Matthew McMulligan et Steven Myers dans un no man’s land en périphérie de Las Vegas, dans des canalisations d’évacuation et de collection des eaux, à seulement quelques encablures de la débauche de lumières et paillettes clignotantes du Strip, au cœur de cette ville si factice qu’elle a «la capacité singulière de nous laisser croire à notre propre irréalité», comme l’écrivait Bruce Bégout dans «Zéropolis» (éditions Allia, 2002).
Enrôlé parmi une unité spéciale au Vietnam qu’on appelait les «rats des tunnels», chargé d’explorer les galeries souterraines où s’abritaient les combattants viêt-côngs, l’expérience de Stapleton, et son impossible réinsertion dans une vie normale, rejoint celle de ces compagnons, anciens marines en Irak traumatisés à vie, héros déchus de l’Amérique semblables à ces oiseaux qui chutent, leurs ailes comme abîmées en plein vol.
À l’irréalité des néons de Las Vegas s’oppose celle d’Hoyt Stapleton et de ses compagnons d’infortune, en exil permanent dans la société civile, dans cet état résiduel de guerre que Tim O’Brien a évoqué de manière saisissante dans «À propos de courage» (1990, traduit en 2011 pour les éditions Gallmeister).
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