"Frères, Missolonghi fumante nous réclame."
A une époque où l'idéal antique finit par s'épuiser, source d'inspiration tarie après des siècles à s'y abreuvoir, l'Orient apparait comme une Antiquité retrouvée, encore vivante, où les sultans se substituent à Caligula et à Néron, les mosquées aux ruines grecs, les harems aux villas italiennes. Une Antiquité moderne, toute fraiche, teintée d'exotisme et de bizarreries, d'encens lointains, d'images érotiques, brouillées et déformées, en échos aux villes bibliques. Le recueil s'ouvre sur la destruction de Sodome et Gomorrhe comme sédiments à l'époque d'Hugo en proie à la guerre d'indépendance grecque.
Le philhellénisme, les sérails, les femmes envoûtantes, les jardins paradisiaques, Ali Pacha et les batailles navales et les massacres reviennent sans cesse, comme des refrains cocasses, voire même caricaturaux, émaillant les poèmes. Des vers composés dans une langue chantante aux rimes entêtantes ; tantôt ondulante, tantôt cinglante. A lire à voix haute.
Au fil de ces strophes, s'entremêlent la sincère fascination du poète songeur pour ces contrées et la verve politique. Un Orient autant admiré qu'effrayant.