Il y a quelque chose de fascinant dans l’univers de cette pièce, peut-être parce qu’il est très désuet, et marginal, mais dont on ne peut pas totalement se sentir exclus, tant les problématiques sont universelles.

Niveau formel, j’ai regretté le peu d’indication scéniques, et un certain nombre de répliques très.. « théâtrales » au mauvais sens du terme. « Les parents terribles » fait partie de ces pièces de théâtre qui se revendiquent comme telles, et soulignent subtilement que les situations exposées sont « dignes d’une pièce de théâtre »/ d’un tragi-comique incroyable.

D’ailleurs ce mot là aussi revient sans arrêt ou presque.
Il y a de la musique, quand même, dans les jeux d’ordres et de désordres affectifs, dans la manière dont on présente un univers, un désenchantement, et surtout les maladresses affectives.
Bien sûr, tout ça a vieilli, plus personne n’utiliserait « mon petit » pour parler de sa maîtresse, mais qu’importe.
J’ai été particulièrement sensible à la mise en place des compromis entre les personnages, à la manière dont Leo ne supporte ni les effusions, ni les excuses, dont l’ordre et le désordre prédominent en chacun des personnages, à ce fatalisme latent, pourtant porteur d’espoir.

Ce qui m’a fasciné, c’est que c’était latent, qu’on tournait autour sans jamais entrer dans le vif du sujet, comme si les personnages refusaient de voir leurs tragédies personnelles pour se concentrer sur une intrigue très vaudeville, un peu absurde, et pleine de larme, de « sublime » et de bons sentiments. Limite, si j’ose m’exprimer comme ça, comme si l’auteur avait refusé de se pencher sur les personnages vraiment intéressants, les véritables « parents » terribles de cette roulotte, pour se concentrer sur le cas de Michel, le fils chéri qui a dérobé à son père l’amour de sa mère, puis celui de sa maîtresse. Léonie, entièrement, de son peignoir de soie de vieille fille à sa manière de retourner sa veste en permanence, sans vouloir creuser les véritables raisons de ses choix- de peur de se révéler pire que tous.

C’est ça qui m’a fait rabaisser la note que j’envisageais au départ ; peu à peu la fascination laissait place à une frustration plus forte, celle de ne pas être au bon endroit pour percevoir les personnages autrement que dans leur linéarité première, d’avancer dans une intrigue où tout le monde piétine, puis pleure, puis saute de joie. Tout ce qui n’était pas non-dit ou laissé à l’interprétation, dans le vague, était profondément décevant.

J’ai trouvé la fin dépourvue de subtilité, aussi, jusque dans la moindre réplique, et c’était dommage. L’angoisse de la séparation, dont il est question à tous les niveaux ici est très bien exprimé, sauf quand on entre réellement dans le vif du sujet, avec la confrontation de la mère au bonheur de son fils- bonheur qui l’exclue. J’ai trouvé ça tellement artificiel brutal, et rapide. J'aurais voulu plus, j'aurais voulu, presque, que l'intrigue commence au moment où je lisais les derniers mots - mais peut-être est-ce mieux que ce soit laissé dans le vague, et le non-dit.
Minuitetdemi
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le 1 mai 2013

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