"Claire est partie, les filles partent, les filles quittent les fermes et les pays"
Il s'agit ici d'un roman assez court, mais très dense. La densité n'est pas tant le fait de l'histoire qui nous est présentée (qui est assumée par trois narrateurs différents), mais plutôt celle du style d'écriture. On a affaire à un niveau de langue riche et très soutenu. Je pense qu'il faut vraiment vouloir lire ce livre pour pouvoir poursuivre la lecture, il y a en effet quelques moments qui s'étirent, qui s'étendent, presque sans fin ; ce qui dans une certaine mesure en fait la poésie, mais ce qui peut aussi être rebutant.
Le style de Marie-Hélène Lafon est magnifique, c'est vraiment une très belle écriture, on a plaisir à "manger" ses mots. Un des passages les plus savoureux du livre, à mes yeux, c'est le récit des études de Claire à la Sorbonne, son adaptation à la vie parisienne, sa découverte des lieux, et de ce qui va devenir une part d'elle-même.
J'ai été très touchée par l'histoire du père de Claire, qui ne comprend pas trop le monde dans lequel évolue sa fille, qui ne comprend pas Paris, qui ne comprend pas ce que sa fille fait. Un sentiment d'exclusion se dégage du récit du père, mais loin d'être un sentiment négatif, c'est une exclusion qui est emplie de fierté, et qui témoigne l'amour qu'il éprouve pour sa fille.
C'est un joli roman, mais il ne se laisse pas approcher facilement.