Un livre qui ne mène nulle part mais qui mène à soi

Henry-François Rey nous plonge délicatement dans une parenthèse hors du temps. On y découvre Vincent Moreuil, qui s'était juré à l'âge de 20 ans que s'il avait raté sa vie à son 40ème anniversaire, il se suiciderait. La date fatidique arrivant, et n'ayant aucune envie de mourir, il se retire dans le petit village de Caldeya pour faire le point.

On le suit au gré de ses rencontres, plongé dans une ambiance estivale qui invite à la détente et l'introspection. On passe d'un personnage à l'autre, il n'y a pas vraiment d'histoire, et pourtant on ne peut pas lâcher le livre tant il est bien écrit ! Henry-François Rey fait preuve d'un sensibilité déconcertante dans son art de la description et nous embarque grâce à des détails touchants qui témoignent avec justesse du caractère et des états d'âme des personnages.

On est immédiatement charmé par le petit Daniel, 10 ans, encore dans les rêves de l'enfance, mais très lucide lorsqu’il s’agit de juger le monde des adultes sur lequel il porte un regard parfois sévère. Ou bien son père, écrivain de génie mais alcoolique, qui maîtrise l'art de la réthorique à la perfection... Ou encore Jenny, femme forte qui s'occupe plus ou moins de tout le monde à Caldeya, mais aussi la Gloria, femme de chambre mystérieuse, ancienne sorcière du village et folle amoureuse du peintre Pinero...

j'ai adoré la première moitié du livre, légère mais bouleversante et originale, qui justifie à elle-seule la lecture de ce roman. J'avoue avoir été un peu plus déçue par la seconde, qui témoigne à mon sens d'un léger essoufflement de l'auteur, ou peut-être traite-t-elle d'aspects un peu plus sombres de la vie que je n'avais pas envie d'aborder à ce moment là. L'expérience globale reste toutefois très bonne.