J'ai déjà lu quelques livres de Ray Bradbury, qui ont (plus ou moins) tous été des claques, des excellents moments de lecture. Cet auteur est pour moi la plus importante découverte livresque de cette année 2020, et je ne suis que joie à chaque fois que je décide de me lancer dans un de ses romans ou recueils de nouvelles.
"Les Pommes d'or du soleil" avaient donc une sérieuse attente de ma part, et je plaçais la barre très haut en entamant ce recueil de 22 nouvelles. Et si, au final, je trouve que ce livre est le "moins excellent" des 4 que j'ai lu, c'est parce que je suis très exigeant avec cet auteur, vu que je connais sa capacité à me transcender et à m'éblouir.
Ici, et contrairement à "L'Homme Illustré" et aux "Chroniques Martiennes", les nouvelles n'ont aucuns liens entre elles. Si je peux donner un conseil, c'est de ne pas engloutir le recueil ; je pense qu'il est mieux de digérer chaque nouvelle afin d'en apprécier pleinement la saveur, car les tableaux que nous décrit Bradbury sont très différents à chaque fois.
L'auteur aborde énormément de thèmes et de genres dans son livre, encore plus que dans ses précédents. On retrouve du fantastique ("la Corne du brume", "La Sorcière d'avril"), de la dystopie/sf ("Le Promeneur", "Un coup de tonnerre"), et des petites pastiches pleines d'humour ("Côté ombre, côté soleil", "Le Grand Incendie").
Mais il innove aussi, avec notamment une nouvelle policière, "Les fruits du fond de la coupe", qui s'est révélé hyper original et psychologique. Bradbury a exploré le genre du polar dans sa carriere, et j'ai hâte de lire plus de nouvelles de ce style chez lui.
Pour moi, ce qui a fait que ce recueil n'était pas un coup de cœur, c'est deux choses.
La première, et la plus futile, c'est que pas une seule intrigue ne se déroule dans l'espace (à part pour "Les Pommes d'or du Soleil"), ou sur une autre planète que la Terre, ce que l'auteur abordait à foison dans ses deux précédents recueils. Ça m'a un peu perturbé, mais au fond ce n'est pas très important si vous ne les avez pas lu.
La deuxième, la plus importante, c'est que certaines nouvelles m'ont simplement diverti, ou alors m'ont paru anecdotiques. C'était légèrement le cas dans "L'Homme Illustré", mais ici ce sentiment est venu à plusieurs reprises, assez pour que ce soit gênant (notamment dans "Le garçon qui était invisible", "La sorcière d'avril", "Je vous vois jamais", "En la noche" et quelques autres..). Ce sont des nouvelles souvent réalistes, ou alors qui n'ont pas vraiment de fins, et qui sont moins intéressantes (comparés à ce que Bradbury a déjà pu faire, évidemment).
Néanmoins, cela n'empêche que j'ai eu des gros coups de cœur, car tout ce qui fait le charme de la prose de Bradbury se trouve dans ce recueil. La poésie de son écriture se retrouve dans tout les textes, mais plus particulièrement dans certains, délivrant des messages touchants ("Le cerf-volant doré et le vent argenté", "La prairie"), ou alors poignants et actuels ("Les Noirs contre les Blancs"). D'autres sont originaux et fascinants ("La Corne de brume", "L'Assassin", "Broderie", ou encore "Un coup de tonnerre").
Bref, il s'agit là d'une très bonne lecture, comme à chaque fois avec Bradbury, mais j'avoue que certains récits ont eu plus de mal à me captiver, et que dans l'ensemble il s'agit du recueil de nouvelles le moins égal que j'ai lu de l'auteur. En revanche cela n'altère pas mon intérêt pour celui-ci, et j'ai encore une fois hâte de lire ses autres textes.