De cette première moitié du récit des Portes D'Occident, je retiens à la fois la maîtrise du récit et de son rythme, et les originalités de l'histoire. Si le monde séparé en deux, moderne, propre et riche d'un côté, pauvre, sale et primal de l'autre, est finalement assez classique dans beaucoup d'histoire, l'idée des jeux uchroniques apporte assurément un vrai récit dans le récit. Ce premier roman fait bien monter la sauce, on veut arriver aux jeux et savoir ce qui arrivera à ce jeune personnage. A ce titre, c'est une vraie réussite. La seconde partie m'a hélas un peu laissé sur ma faim. L'originalité de la première moitié n'est plus au rendez-vous bien sûr, et l'histoire répète hélas un peu trop certains schémas : Wang s'infiltre chez l'ennemi, le chaos et l'imprévisibilité triomphent, le tout sous la bénédiction mystique de la grand mère. Ce schéma est au final répété trois fois, et finit par manquer de crédibilité tellement ça paraît gros. Surtout dans le troisième acte à Paris, où la similitude entre asiatique et indien est certes un beau message, mais peu crédible. Et surtout tactiquement, alors qu'on nous parle beaucoup de maître stratège dans ce récit, on se retrouve au final avec un stratège français manquant cruellement de confiance et de présence, de challengers peu charismatiques, et d'un américain cruel qui embauche un AUTRE peuple opprimé pour défendre cet idéal peu flatteur de l'Occident. On aimerait y croire, mais personnellement, ces ressorts dramatiques ont cassé la belle lancée du premier roman. Il reste beaucoup de bonnes idées, une vision du monde beaucoup moins manichéenne que dans beaucoup de récits, une qualité d'écriture et de gestion des multiples personnages et de leur évolution. Dommage que la partie "action" du récit ne fasse pas preuve de plus de variété et de crédibilité sur le final. Une belle découverte donc (c'est mon premier Bordage), mais pas pleinement concluante.