Simplicité et qualité !

Il y a 13 ans, je lisais mon ultime Nothomb, « Acide sulfurique », qui m’avait définitivement lassé de son auteure.

Le titre de son dernier opus, « Les prénoms épicènes », m’a toutefois intrigué. J’en ai donc débuté la lecture, d’abord d’un oeil sceptique, pour finalement en ressortir enthousiaste. J’ai retrouvé avec plaisir ce cynisme, cette vivacité stylistique, cette tonalité fantasque et cette vision si insolite qui sont propres à Amélie Nothomb.

Et derrière la simplicité apparente du récit, derrière la frivolité supposée du style, derrière la déroutante impression de personnages et de péripéties qui s’enchaînent sans vergogne se dissimule finalement une profondeur qui m’a surpris, parfois même touché.

Simplicité et qualité sont compatibles. S’il est vrai que l’on reproche volontiers à Nothomb son style épuré et la brièveté de ses œuvres, dans « Les prénoms épicènes », j’ai trouvé qu’elle maniait brillamment l’ellipse narrative. Et là où la littérature et le cinéma actuels me lassent souvent par leurs épanchements futiles, à grands renforts de scènes molles et de descriptions vaines, parce qu’ils sont incapables de poser des choix narratifs clairs et intelligents, la nervosité littéraire d’Amélie Nothomb a soufflé sur mon esprit un vent de fraîcheur salvateur.