Ce membre de la famille Folio Junior fait parti de ses livres qui peuvent être lus tant par la jeunesse que par le public adulte, de part la maturité de son sujet et la beauté de son histoire. Sans tomber dans le fantasy franc, cette histoire est auréolée d'une magie discrète et se déroule dans un monde magnifique où la nature est reine. Récit d'aventures, ce roman est aussi la quête identitaire d'une jeune fille singulière dont l'âme tourmentée recèle aussi le salut de deux nations.
Yliria est la descendante de la monarchie du pays prospère de Swamoth, "terre du soleil". Afin de préserver le mode de vie et la sécurité de Swamoth, on érige une muraille entre lui et le pays voisin, Klomoth, "Terre d'ombre". D'ailleurs, la défunte reine en était issue et Yliria hérite de son penchant pour l'exploration et son amour pour la nature. Lors d'une énième escapade en montagne, Yliria traverse mystérieusement la muraille, afin de suivre son chien, Aïché. Commence alors pour elle un périple qui lui fera découvrir ce pays à la sinistre réputation, ses divers peuples, sa nature implacable , ses saisons variées et, peut-être, la seconde moitié d'elle-même?
On est rapidement happé par les paysages magnifiques de cette histoire, soutenus par une plume agréable et efficace. À certains égards, il m'a fait pensé au "Hobbit", de Tolkien, avec son personnage en pleine quête qui enchaine les rencontres et les vastes territoires. On croise aussi le spectre de la période trouble de la guerre froide avec cette muraille qui rappelle le mur de Berlin. Un mur qui trouble les habitants de part et d'autres. J'ai apprécié aussi que pour une fois, la politique du pays soit de nature utopique, surtout avec la montée récente des dystopies en littérature jeunesse. "Les princes de l'exil" est un roman beau, philosophique, magique et pertinent. Tout à fait le genre que je recommanderais pour les jeunes lectures, dans le genre "incontournable", comme "Cœur d'encre" ou "La petite princesse". Ce roman a beau daté de 1984, il est toujours pertinent.
"Princes de l'exil" aborde beaucoup de thèmes, touche la fibre aventurière, romantique et identitaire. On y retrouve une belle analogie avec le mur qui sépare supposément le "Bien" du "mal", alors qu'on trouve le germe de la corruption dans l'un et un embryon de lumière dans l'autre. Swamoth et Klomoth forment un yin-yang géant, en quelque sorte.
Le seul bémol qui m'a légèrement agacé concerne les dessins simplets qu'on retrouve. Si la couverture est fort jolie, avec le portrait d'Ylaria, ceux dans le livres sont décevants et le portrait de Raïm est tout simplement horrible.
Sinon, c'est définitivement à lire!